DES PRÉCISIONS
SUR LA MOTHE
CHANDENIERS
Dès le rachat des ruines
du Château de la Mothe Chandeniers
(dans le département de la
Vienne) par la Société
Dartagnans et 25 000 copropriétaires issus du monde
entier, le Blog de La
Chouette de Vendée, Madame Ghislaine Gerbaud sa responsable
et nous-mêmes avons suivi avec beaucoup d’intérêt cette sorte d’« aventure ».
Aussi nous avons déjà eu
l’occasion de publier plusieurs articles sur le sujet :
- le
14-01-2018 : Propriétaires à La Mothe Chandeniers (rubrique Pages
d’Histoire N° 05-11),
- le
01-06-2018 : Des Nouvelles de la Mothe Chandeniers (rubrique Patrimoine
N°08-02),
- le
19-08-2019 : Les activités de l’été 2019 (rubrique Blog N°2-60),
- le
06-10-2019 : Un livre sur la Mothe
Chandeniers (rubrique Blog N°2-62),
- le
29-11-2019 : Le Noël des châteaux (rubrique Blog N°2-65).
Notre intérêt pour cet
édifice, les liens qui nous attachaient à lui et la rédaction de ces différents
articles nous ont amené tout naturellement à préparer un ouvrage qui est paru
en mai 2019 sous le titre « Le château de la Mothe Chandeniers »,
publié par les Éditions « La
Chouette de Vendée ».
La couverture de
l’Ouvrage
La publication d’un
ouvrage est certes la conclusion du travail de l’auteur durant une période
donnée, mais elle ne correspond aucunement à la fin des recherches sur le sujet.
Tout au contraire, elle n’est la plupart du temps qu’une étape et même une
sorte d’émulation pour les amateurs d’Histoire désirant améliorer et faire
avancer le travail déjà fourni. La sortie de l’ouvrage, c’est aussi le moment
où l’auteur voit parfois apparaître et venir à lui des informations après
lesquelles il a souvent vainement couru.
Ce nouvel article d’aujourd’hui
est ainsi pour nous l’occasion :
- d’apporter un élément de connaissance supplémentaire du
château ;
- de préciser notre pensée sur une hypothèse, qui par
définition peut être contestable ;
- de vous informer sur des recherches ;
- et surtout de vous faire partager les précieux
documents qui ont été très aimablement communiqués à l’Éditrice par le général
baron de Cassagne, ami de la famille Lejeune.
On aperçoit le
Drapeau sur cette carte postale
1.
Un élément
de connaissance : LE DRAPEAU DU CHÂTEAU :
Sur certaines cartes
postales anciennes, datant des premières années du XXème siècle, un
grand drapeau est en partie visible sur la hampe dominant le donjon du château.
A l’aide de plusieurs documents iconographiques et des éléments représentés qui
sont connus, nous avons pu reconstituer ce drapeau à l’identique. La Société Dartagnans
est intéressée par sa reconstitution.
Il portait au centre le
blason des barons Lejeune (avec la couronne) associé à celui de la famille
Ardoin. La partie blanche était entourée de deux bandes rouge et bleu pour
évoquer les couleurs du drapeau national.
Le drapeau reconstitué
2. Précisions
concernant une hypothèse : LA CONSTRUCTION
DU CHÂTEAU :
Lors de la rédaction de
l’ouvrage, nous avions émis l’hypothèse que lors de la reconstruction au milieu
du XIXème siècle le château avait connu plusieurs campagnes de
travaux. Cette hypothèse s’appuyait sur plusieurs constatations :
Tout d’abord la durée
des travaux a été très longue, pour une construction au XIXème siècle.
Même si la date du début n’est pas connue avec précisions (vers 1849). On sait
que l’aile Est était édifiée lors de la mort de Jacques Ardoin en 1854 et les
travaux terminés seulement en 1861 (la date est gravée sur l’escalier). Et la
chapelle pour sa part a été achevée en 1867 (date sur les vitraux). Ce qui fait
au moins 12 ans pour le château lui-même, c’est beaucoup !
Ensuite la topographie
des lieux provoquait des contraintes. A la Mothe Chandeniers, plusieurs édifices différents
ont été construits, mais toujours exactement sur le même site entouré de larges
douves. C'est-à-dire une situation identique à Chantilly, le célèbre château
des princes de Condé. L’exiguïté de l’endroit et surtout l’étroitesse du pont
ne permettaient pas à des équipes nombreuses d’œuvrer en même temps.
Enfin il n’était pas
envisageable pour des propriétaires, âgés de surcroît, de se priver totalement
de leur château pendant 12 ans. Aussi, ils ont du prévoir au cahier des charges
l’occupation périodique du château dans l’état pendant la saison annuelle des
chasses. Ce qui signifie clairement que l’on reconstruisait seulement une aile
à la fois, rendait le château à l’habitation, à l’automne. Et on recommençait
l’année suivante. Et dans cette disposition la durée s’explique parfaitement.
Le château photographié par Jules Robuchon en 1898
Dans ce contexte il
reste parfaitement possible que les plans établis à l’origine par les
architectes aient été scrupuleusement réalisés, que les différences visibles
aient été volontaires prévues dès l’origine. Mais il est aussi vraisemblable
que durant cette longue période, les goûts et les décisions des propriétaires
aient évolués. Il en existe un exemple célèbre celui du Roy François Ier
qui durant le chantier du château de Chambord a changé d’option plusieurs fois.
Une chose nous conforte dans cette hypothèse : vers 1900 la baron Robert
Lejeune a fait supprimer les curieuses sculptures entre les mansardes du second
étage de l’aile Est (elles sont encore visibles sur la carte postale ci-dessus
en 1898). Nous pensons donc personnellement, qu’au fur et à mesure des tranches
de travaux successives dans les quatre ailes, les plans originaux aient pu
évoluer plus ou moins.
3. Une nouvelle
information sur L’ARCHITECTE :
Un journaliste vient de
trouver sur des photos anciennes, prises peu après la construction, le cachet
d’un architecte : GAUMONT. C’est une avancée intéressante. Il s’agit en
fait d’un grand cabinet d’architectes célèbre au XIXème siècle. Il
serait utile de trouver en outre le nom de la personne spécialement chargé du
dossier de La Mothe
et le nom de l’architecte local chargé de la surveillance sur place des
travaux, comme cela se pratiquait à l’époque sur les gros chantiers.
4. LES
DOCUMENTS DU BARON DE CASSAGNE, communiqués par ce dernier :
Ces photos et documents
concernent plus particulièrement la famille des barons LEJEUNE derniers
propriétaires du château au moment de l’incendie de 1932.
L’image de gauche
est un daguerréotype, c'est-à-dire qu’elle a été réalisée, vers 1840, grâce à
un procédé précurseur de la photographie. Elle représente le général Louis-François
Baron LEJEUNE, le personnage illustre de la famille (1775-1843), alors qu’il
vivait à Toulouse, ville dont il a été le Maire en 1841.
La miniature de droite représente Louise CLARY (costumée en sultane) épouse du même Baron Lejeune,
avec qui elle s’était mariée en 1821. Elle était la nièce de Désirée Clary
épouse du maréchal Bernadotte roi de Suède. Cet objet a figuré lors d’une
exposition au château de Versailles en 2012. Veuve, Louise Clary accompagnera
son fils Edgard (2ème baron) lors d’une mission diplomatique en
Mésopotamie. Elle est à l’origine de l’Hospice « Baron Lejeune » créé
à Mossoul en 1874. Aujourd’hui détruit, il ne reste de celui-ci que la pierre
de dédicace.
Ce document, datant de 1829,
raconte une mésaventure du Général Baron Lejeune :
« Pour
Madame la Duchesse
de Reggio…Sujet de Dufour
A la bataille
de Bautzen, dans le plus chaud de l’affaire, un officier vient prendre les
ordres de Mr le Maréchal de Reggio, tandis qu’il écoute un boulet emporte une
jambe à son cheval sans que le cavalier s’en aperçoive, Mr le Mal fut obligé de
l’en prévenir ; à l’autre côté de Mr le Maréchal son chef d’état major le
général Lejeune est lancé en l’air par son cheval qu’une explosion d’un obus
vient d’abîmer…..Paris le 3 février 1829 «
Cette Photo représente
l’ancien Hôtel particulier Lejeune, situé 17 rue Bellegarde à Toulouse. On peut
apercevoir au sommet de la ferronnerie de la grille d’entrée les initiales L.C
(Lejeune-Clary). En outre une plaque porte l’inscription suivante :
« Dans cet hôtel vécut et mourut le baron Louis François LEJEUNE
(1775-1843),Glorieux soldat des Guerres de la Révolution et de
l’Empire, portraitiste et peintre célèbre d’histoires et de batailles,
directeur de l’Ecole des Beaux Arts de Toulouse, Maire de la ville en
1841 ».
Cette belle miniature,
signée Cécile Villeneuve en 1880, représente Louise TAIGNY baronne Lejeune
(1856-1911), qui avait épousé le baron Robert Lejeune (3ème du
titre) en 1880. C’est la mère de ce dernier, Marie Ardoin épouse d’Edgard
Lejeune (2ème baron), qui lui avait transmis la propriété du château
de la Mothe Chandeniers
(reconstruit en 1861 par les Ardoin et Hennecart).
Cette grande photo
représente, en 1893, l’équipage de chasse regroupé autour du baron Robert
Lejeune qui venait d’être nommé MASTER of the Pau Hounds. Succédant à FW Maude,
il occupera ce poste de 1893 à 1896 avant de le céder au baron d’Este.
Il s’agit ici d’une
image du Souvenir (recto et verso) qui était distribuée aux participants lors
d’une cérémonie de sépulture religieuse. Ceux-ci la conservaient ensuite en
souvenir, entre les pages de leur livre de messe comme le leur préconisait la
formule « Souvenez-vous dans vos prières ». Elle concerne Jules Marie
Edgard Baron Lejeune (4ème baron) capitaine au 5ème
régiment de cuirassiers, blessé mortellement à La Clytte en Belgique le 23
novembre 1914 et mort le même jour à Bailleul (Nord).
La première image à
gauche est celle de Napoléon Robert Baron Lejeune (3ème) dont nous
avons déjà parlé. Elle nous apprend qu’il est décédé à la Mothe Chandeniers le 24 août
1943 à l’âge de 83 ans (donc dans le logement de l’orangerie après l’incendie
du château).
La seconde image est
celle de sa belle-fille Marguerite (fille du prince MURAT) épouse du baron
Edgard Lejeune. « Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939-1945,
rappellée à Dieu le 6 février 1956,
A l’âge de 69 ans ». Pendant la première guerre
mondiale, après le décés de son mari, elle avait créé un dispensaire et un
ouvroir à Chambly ainsi que l’association d’aide aux veuves de Guerre en 1915.
Lors de la guerre suivante, infirmière-major à la Croix-Rouge, elle
ouvrit un hôpital militaire en 1939 et des pharmacies durant la période des
bombardements de Beauvais.
Chantonnay
le 24 août 2020
LA CROIX DU CAMP A FONTENAY-LE-COMTE
Dans un précédent article consacré à la prise de Fontenay-le-Comte (25
mai 1793) et paru sur le présent blog le 28 février 2017, sous le numéro 06-06,
nous avions évoqué « La croix du camp » ce petit calvaire où les
hommes de Lescure se sont arrêtés pendant la bataille pour prier.
1. Le général de Lescure représenté en 1818 2. Détail du tableau, la scène de la Prière
Cette scène célèbre (mais pas toujours située avec exactitude) s’est
effectivement déroulée juste avant la prise de Fontenay au Nord-Ouest de cette
ville. Et lors de l’exécution du tableau ci-dessus, commandé par le roy Louis
XVIII et réalisé par Jacques Faust-Lefèvre en 1818, c’est elle que l’artiste a
représentée en arrière plan. Toutefois il faut bien se garder d’en rechercher
des détails figuratifs. Dans son atelier parisien, le peintre exécute un
paysage tel qu’il vient de son imagination. Ainsi le bocage Vendéen devient une
région montagneuse, alors qu’on se situait en réalité ce jour-là dans la plaine.
De la même manière, le petit calvaire devient un édifice imposant, tout en
granit et juché sur un socle très élevé. Toutes choses que l’on ne retrouvait sans
doute pas sur l’original du XVIIIème siècle qui était plus modeste,
vraisemblablement en bois sur un socle en pierres locales.
Plan des lieux (la croix était vers le haut à
gauche, dans le cadre vert).
Ce calvaire historique, non entretenu, a été supprimé purement et
simplement au début du XXème siècle, peut être dans l’espoir d’une réédification
ultérieure.
Sous l’impulsion de notre ami Pierre GREAU, l’association Le Souvenir
Vendéen avait décidé de reconstruire un calvaire à cet endroit, car il
s’agissait d’une des étapes incontournables de l’Épopée Vendéenne. C’est
désormais chose faite. Le calvaire vient d’être inauguré le samedi 5 octobre
2018 par le président de l’association : Olivier du BOUCHERON.
La nouvelle Croix du Camp.
Sur la partie supérieure du socle de la croix une plaque de granit noir
indique : «Laissez les prier / Ils
ne s’en battront / que mieux / Louis Marie de Lescure / « Saint du
Poitou » / GENERAL VENDEEN / BATAILLE DE FONTENAY / 25 Mai 1793. »
De plus, au niveau inférieur du piédestal du calvaire sur une
deuxième plaque de granit blanc il est écrit : « Témoin du passage le 25 mai 1793 / de l’armée vendéenne, cette
croix avait disparu. / Elle a été relevée en octobre 2019 / par le Souvenir
Vendéen. »
Le Président dévoilant le nouveau calvaire.
Nous ne pourrions mieux
faire que de vous citer ici le contenu de l’allocution prononcée par le
vice-président Pierre GREAU.
« En premier lieu, je veux rendre hommage à Monsieur Jacques
Chauvin récemment disparu. C’est lui qui m’a emmené sur l’emplacement de
l’ancienne croix du camp. Passionné par l’histoire des guerres de Vendée, il
fleurissait tous les ans un des marronniers de la place Viète dont la
végétation toujours précoce indiquait l’emplacement de la guillotine.
Ne cherchez pas ici un camp quelconque, romain, gaulois, vendéen ou
républicain, ce mot vient du latin Campanus c’est à dire campagne. C’est donc
une croix de la campagne. Peut-être d’origine monfortaise, elle a sans doute
été érigée dans la seconde moitié du 18ème siècle. Elle figure sur
les cadastres de 1812 et 1843. En 1911, elle était en ruine et proche de
disparaître.
C’est à la croix du camp que s’est déroulé le samedi 25 mai l’épisode
fameux de la prière. La première vague d’assaut composée des soldats de Lescure
découvrent la croix du camp restée intacte. Ils s’agenouillent et commencent à
prier. Un des officiers, la Ville de Baugé veut accélérer le mouvement. C’est
alors que Lescure s’interpose : Laissez les prier, ils ne s’en battront
que mieux après.
N’oublions pas également les républicains tombés en cet endroit. Le
général Alexis Chalbos avait désigné cette zone de la croix du camp à la garde
nationale de Fontenay. Son commandant Louis-Joseph Fillon, oncle de Benjamin
Fillon, fut tué dans les environs ainsi que Fesque son porte drapeau. Un billet
conservé dans le fonds Dugast-Matifeux autorise la veuve Fillon à rechercher le
corps de son mari.
Nous allons maintenant nous diriger vers la mairie où je vais vous relater
les deux batailles de Fontenay-le-Comte. »
L’Allocution de
Pierre Gréau
Maurice BEDON
INCENDIE AU
CHÂTEAU DE LA TOUCHE
A ROCHESERVIÈRE
Le château de
la Touche dans la commune de Rocheservière a été victime d’un grave incendie
samedi 2 novembre 2019 en fin de nuit. Les causes de ce drame sont pour
l’instant encore inconnues des enquêteurs. Quand les Sapeurs-Pompiers,
répondant à l’appel, sont arrivés sur les lieux à 6 heures du matin, la toiture
de la partie gauche était déjà en feu.
L’incendie du château durant la nuit. (Photo
Ouest-France)
C’est une
spécialité connue des charpentes des grands édifices construits au XIXème
siècle que de s’enflammer comme des allumettes. Les centres de secours de Rocheservière,
Saint-Philbert-de-Bouaine, Les Lucs-sur-Boulogne, Aizenay, Montaigu, La
Roche-sur-Yon et Sainte-Hermine sont intervenus rapidement avec 50 hommes
environ et des moyens importants : 11 véhicules de secours, 2 bras
aériens, 2 ambulances, 3 engins de secours, 1 camion citerne et 1 poste de
commandement (selon le journal Ouest-France). Ils ont ainsi réussi à sauver les
deux grosses tours rondes aux extrémités mais la toiture principale est
calcinée, plusieurs planchers intérieurs se sont effondrés et certains pans de
murs pourraient menacer ruine. Ce n’est que dimanche 3 novembre que le corps
sans vie du propriétaire septuagénaire a été découvert dans les décombres du
château.
Le château incendié au matin du 2 XI 2019. (Photo
Ouest-France)
Ce grand château
construit à l’extrême fin du XIXème siècle sur une partie élevée
dominant la vallée de la Boulogne près de la route allant du bourg de
Rocheservière en direction de Corcoué-sur-Logne (Loire-Atlantique), est visible
d’un peu partout dans le paysage de la commune. Il avait remplacé un édifice
ancien, dénommé « La Touche Massé » qui avait appartenu à la famille
MOREAU de la Saulzaie, puis à celle de l’ÉCORCE au XVIIème siècle et
aux GOULARD du Retail au XVIIIème. Il était passé par alliance à la
famille de BAUDRY d’Asson. Et c’est le marquis Armand de Baudry d’Asson,
habitant le château de Fonteclose à La Garnache, qui avait vendu le domaine en
septembre 1889 à Pierre MOREAU négociant à Nantes et à son épouse
Yvonne-Marcelle-Marie Gardais.
La façade d’entrée du nouveau château en
1905.
Ces derniers
firent construire le château actuel de style néo-renaissance par un architecte
nantais en 1892. Malheureusement des désordres et des malfaçons dans la
construction entrainèrent une procédure à l’encontre de l’entrepreneur.
Celle-ci devait d’ailleurs se conclure par la construction d’une grosse tour
ronde supplémentaire vers 1909.
La façade arrière du côté de la vallée vers
1905.
Au décès de
Pierre MOREAU en 1907, le château passa à sa fille qui avait épousé Monsieur
PAVILLON. Il a été ensuite vendu et acheté par EDF en 1949 pour faire une
maison de retraire. Revendu en 1974, il a alors été acquis par Monsieur JEAN et
son épouse Maryse Moreau.
Il nous reste
désormais à souhaiter que cet imposant château puisse être l’objet des
réparations indispensables à sa survie.
Le
château vu de la Boulogne pendant la construction de la 2ème tour.
LE MONUMENT DES QUATRE-CHEMINS
DE L’OIE
Le très célèbre carrefour, situé sur les routes départementales RD 137
et RD 160 au lieu-dit les Quatre-chemins de L’Oie sur la commune de
Sainte-Florence (dénommée autrefois Sainte-Florence-de-l’Oie) vient de
connaître une série de travaux de voirie.
En effet, le Conseil Départemental de La Vendée vient de faire remplacer
les feux tricolores par un rond-point. Cette transformation a d’ailleurs
entrainé la disparition des anciens bâtiments datant du XIXème
siècle et formant l’angle Nord-Ouest du carrefour. Cette importante
modification est l’occasion de nous souvenir que pendant quelques années, au
début du XIXème siècle, un monument avait été élevé précisément à
cet endroit pour commémorer toutes les batailles ayant eu lieu dans les
environs durant les Guerres de Vendée.
Le
nouveau rond-point au carrefour des Quatre-Chemins (vu dans le sens La Roche -
Les Herbiers).
Il en est fait clairement mention dans plusieurs ouvrages, en
particulier dans les « Chroniques Paroissiales » de l’Abbé Aillery,
rédigées au milieu du XIXème, mais éditées en 1892 :
« Dans un siècle où on élève tant de monuments, Les quatre chemins
de L’Oie méritait bien le leur ! Aussi en 1828 Mm la duchesse de
Berry posa la première pierre d’un monument expiatoire de style gothique en
forme d’oratoire quadrangulaire avec quatre arcs en ogive, liés par un
entablement, surmonté de petits frontons formant un baldaquin, au dessus duquel
une croix avec une inscription : « In hoc signo vinces ».
Mais ce monument eut le sort de celui de Charrette à Legé. Le conseil
général, déguisant sa pensée, n’a cessé depuis 1830, de renouveler le vœu que
cette construction fut démolie et que son emplacement rendu à la circulation
sur les deux routes qu’elle obstruait à leur intersection ».
La mention est fort intéressante, toutefois on ne manquera pas de
remarquer que l’auteur se trompe probablement car il nous décrit en réalité une
chapelle ressemblant à celle édifiée à la même époque et dans les mêmes
circonstances sur la colline des Alouettes aux Herbiers.
Le
carrefour sur le cadastre de 1824.
On ne trouve malheureusement aucune trace de ce monument sur l’ancien
cadastre (dit Napoléonien) des communes concernées. Mais il n’y a rien
d’anormal à cela, puisque le monument n’a été construit qu’en 1829 alors que le
cadastre de cet endroit avait effectivement été terminé en 1825 (par Berthelot
aîné, géomètre-expert de 1ère classe). D’autre part, à notre
connaissance, il n’existe pas de gravure, de dessin ou d’eau-forte
contemporains qui auraient pu représenter ce petit monument.
La
duchesse de Berry.
Tout commence en 1828 quand S A R Marie-Caroline de Bourbon-des-Deux-Siciles,
veuve du duc de Berry et donc belle-fille du roy Charles X, effectue un voyage
officiel de près d’un mois dans la région dite de la Vendée Militaire. Ce
déplacement a d’ailleurs été un véritable triomphe beaucoup plus grand que
celui du voyage du duc et de la duchesse d’Angoulême cinq ans plus tôt. Arrivée
à Saumur le 20 juin 1828, la duchesse va s’efforcer de visiter avec beaucoup
d’intérêt, de prévenance et de chaleur humaine un maximum de sites des Guerres
de Vendée. Elle laissera de cette façon un excellent souvenir dans les
campagnes vendéennes. Ainsi, le 5 juillet, après une nuit passée à
Bourbon-Vendée (aujourd’hui La Roche-sur-Yon) elle arrive aux Quatre-chemins de
l’Oie par Les Essarts et pose la première pierre d’un futur monument
commémoratif (celui dont nous parlons). Puis elle se dirige vers Les Herbiers
et poursuit par La Gaubretière, « le Panthéon Vendéen ». Elle sera
hébergée pour la nuit au château de Landebaudière chez Auguste de La
Rochejaquelein. Elle reprendra la route le lendemain 6 juillet pour se rendre vers
Torfou, Clisson, Cholet et l’Anjou. Elle reviendra dans le département de la
Vendée par Saint-Laurent-sur-Sèvre le 9 juillet et couchera au château de la Pélissonnière
chez le comte Frottier de Bagneux au Boupère. Elle finira ensuite son voyage
par Chantonnay, Luçon, Fontenay jusqu’à La Rochelle.
La
façade du château de Landebaudière.
Juste après ce voyage, en Août 1838, le Conseil Général de la Vendée
décide de réaliser la construction du monument dont la Duchesse a posé
cérémonieusement la première pierre. Et le mois suivant, en septembre 1838, il
vote les premiers crédits et fait les démarches officielles auprès de la
division des Beaux-Arts du Ministère de l’Intérieur du Roy Charles X. Selon une
méthode fort ancienne, en attendant une décision peu douteuse mais qui pouvait
durer dans le temps, ils décident d’anticiper. Ils font établir un projet et
des devis. Malheureusement le dossier consacré à ce sujet aux Archives
Départementales de la Vendée (4T40) ne contient aucun plan ni aucun schéma,
mais seulement des dimensions. Toutefois celles-ci nous permettent tout de même
de nous faire une idée du monument projeté.
Il comporte un socle carré en pierres avec des marches, de 2,90 mètres de côté. Il
est ensuite surmonté par un piédestal en pierres avec une petite corniche. Et
il se termine par une partie supérieure qui s’élève à 8,64 mètres du sol. On
comprend ainsi facilement qu’il ne peut s’agir d’une pyramide, mais d’une sorte
d’obélisque pyramidale certainement octogonale.
L’Ordonnance
Royale du 15 avril 1929 (recto).
Le
Verso de l’Ordonnance Royale.
L’Ordonnance royale n’a pas trop tardé et elle est parfaitement
conforme aux attentes du Conseil Général de la Vendée. On notera toutefois que
l’article 2 prévoit que : « les plans et devis seront soumis à
l’examen du Conseil des bâtiments civils » (il y avait donc des plans
à cette époque !)
La construction se poursuit donc à un rythme normal, ignorant qu’une
difficulté importante va surgir. En effet, à la suite des trois journées
d’émeutes parisiennes des 27, 28 et 29 juillet 1830, le Roy Charles X est
contraint d’abdiquer et est remplacé quelques jours plus tard par la monarchie
de juillet. Cette dernière s’identifie rapidement par des décisions tout à fait
opposées à celles de la monarchie légitime. Les travaux du monument des Quatre-Chemins
de l’Oie, inachevés, sont abandonnés définitivement. Nous ne savons pas
exactement à quel niveau le chantier en était arrivé, mais il est très probable
que les maçonneries et le gros œuvre étaient achevés et que seules les
décorations, inscriptions et sculptures restaient à faire. On peut donc penser
que le monument avait grossièrement sa forme prévue à l’origine.
La
Salle du Conseil Général à la Préfecture (au XIXème).
Le Conseil Général de la Vendée va alors s’acharner littéralement sur
ce pauvre monument. Ce revirement ne doit pas nous surprendre. En effet, au
début du XIXème siècle, les Conseillers Généraux n’étaient pas élus
par la population, ils étaient nommés par le préfet (c'est-à-dire par le
gouvernement) parmi les riches propriétaires qui lui étaient fidèles. Les
nouveaux conseillers tenaient donc particulièrement à monter leur soumission au
règne de Louis-Philippe.
Lors d’une session de 1836, ils expriment le vœu suivant et le font
remonter jusqu’au gouvernement à Paris :
« MONUMENTS : -- Le Conseil
demande que la pyramide des Quatre-Chemins, qui rappelle de douloureux
souvenirs, obstrue la voie publique et est presque entièrement dégradée, soit
entièrement démolie, et que l’emplacement qu’elle occupe soit rendu à la circulation ».
On ne manquera pas de constater la mauvaise foi évidente qui apparait
dans le texte du vœu. Tout d’abord on emploie volontairement le mot « pyramide »,
qui ne correspond pas à la réalité, mais est là pour suggérer une idée de gros encombrement.
Ensuite le monument rendait hommage au sacrifice et au martyre de nombreux
Vendéens. En outre la construction n’est pas dégradée, elle est seulement
inachevée. Enfin, l’édifice n’a jamais obstrué la voie ni gêné le moins du
monde la circulation au XIXème siècle (il l’aurait par contre fait
au XXème !)
Une nouvelle délibération du Conseil Général décide de la destruction
et vote les crédits nécessaires en 1846. Le monument est effectivement rasé en
1847, mais on ne sait pas où les pierres taillées ont été réemployées. Cette
action inutile et délibérée prend ainsi place parmi toutes les tentatives de
Mémoricide (dixit Reynald Secher) qui marquent l’Histoire des Guerres de
Vendée.
La Fontaine du Grand-Canton aux
Sables-d’Olonne. Un repère de chasse à la Mothe
Chandeniers (Vienne).
A défaut de schéma ou de gravure on peut assez facilement essayer de deviner
à quoi pouvait ressembler ce monument. Il y a en Vendée, en centre ville des
Sables-d’Olonne, place du Grand-Canton, une fontaine qui doit avoir un aspect
assez proche. Il faut seulement supprimer mentalement la répétition des
sculptures géométriques sur les flancs ainsi que les armoiries (Cf. carte postale
ci-dessus). Nous en connaissons un autre exemple certainement encore plus
proche. Il s’agit d’un repère de chasse dans les bois du château de la Mothe
Chandeniers près de Loudun, dans le département de la Vienne (Cf. photo
ci-dessus).
Du fait de cette démolition, le carrefour des Quatre-chemins de l’Oie a
perdu le monument qui faisait sa spécificité, comme la colonne de Torfou marque
le carrefour des routes RD 949 et RD 753 près de Tiffauges. Et cette situation
va durer pendant plus d’un siècle et demi, de 1847 à 2018. La carte postale
ci-dessous nous montre d’ailleurs l’aspect et la situation de ce carrefour vers
1910. Il faut bien reconnaître que durant la deuxième moitié du
XXème siècle, la présence du monument aurait été incompatible avec
l’abondante circulation de l’ancienne RN 137 Nantes-Bordeaux, surtout avant la
construction de l’autoroute A83 Nantes-Niort.
Le Carrefour des Quatre-Chemins
vers 1910 (vu dans le sens La Roche -
Les Herbiers).
Et maintenant !!
Un rond-point vient d’être créé à cet endroit, avec un terre-plein
central suffisamment vaste pour y implanter quelque chose……. un petit monument
commémoratif par exemple ! Celui-ci présenterait en outre l’avantage
d’être un élément touristique ayant du sens, repérable et personnalisant le
lieu, en tous cas beaucoup plus que tout ce que l’on trouve sur les
innombrables ronds-points de France. Dans cet objectif, il nous semblerait
opportun qu’une (ou plusieurs) des associations de la Mémoire Vendéenne
s’empare d’un tel projet et le conduise en collaboration avec l’Assemblée
Départementale, comme avait pu le faire le Souvenir Vendéen avec la chapelle
commémorative du Mont des Alouettes aux Herbiers en 1968. Nous nous permettons
de le souhaiter vivement.
Chantonnay le 16 septembre 2019
Maurice BEDON
Ancien Conseiller Général
de la Vendée
LES ARMES DE RÉCOMPENSE
Les armes de récompense ont été oubliées car elles
étaient confondues avec les armes d’honneur, destinées aux militaires pour des
actions d’éclat. Cette mesure avait été arrêtée par Bonaparte en décembre 1799.
A peine installé sur le trône, le comte de Provence
devenu Louis XVIII, crée le 31 mai 1814 des commissions préfectorales chargées d’examiner
les droits des vétérans vendéens et chouans qui avaient combattu dans l’ouest
pour la cause des Bourbons.
Les Rois Louis XVIII et Charles X
En janvier et février 1815, les commissions avaient
achevé leur travail. Elles proposèrent des pensions annuelles, des
gratifications une fois payées, des brevets d’honneur ou lettres de
remerciements et des armes de guerre, données au nom du roi avec inscription
des noms des bénéficiaires.
Le retour de Napoléon aux Cent Jours allait retarder
de deux ans l’application des mesures prises en faveur des Vendéens et des
Chouans. En 1816, sur la base de l’ordonnance royale de 1814, le travail des
commissions reprit. En 1817, la fabrication des armes, épées, sabres et fusils,
était achevée. Elles étaient prêtes à la distribution.
C’est alors que le ministre Gouvion Saint-Cyr présenta
à Louis XVIII un rapport préconisant de ne pas octroyer les armes et de les
remplacer par des brevets d’honneur. Le roi ayant approuvé cette mesure, les
armes vont rester entreposées dans les arsenaux de l’artillerie durant sept
ans.
Un fusil de Récompense
Louis XVIII eut-il conscience que sa fin était proche ?
En tout cas, le 8 janvier 1824, il décidait de distribuer les armes de
récompense. Il fixait comme date le 25 août 1824, jour de la fête de la
Saint-Louis. Les armes furent déstockées, envoyées dans chaque département au
début du mois d’août et remises aux bénéficiaires à la date prévue. Un mois
après Louis XVIII mourait.
Sous le règne de Charles X, les Vendéens et les
Chouans virent les sommes qui leur étaient allouées, passer de 250 000 à
700 000 francs. Le milliard des émigrés indemnisait les propriétaires qui
avaient tout perdu pendant la Révolution pour cause d’émigration ou de
condamnations à mort.
Dès son avènement en 1830, Louis-Philippe met sur pied
une commission chargée de revoir les pensions afin de les diminuer ou de les
supprimer.
Deux ans plus tard, après le soulèvement de la
duchesse de Berry, les armes de récompense furent confisquées en grande partie
dans les départements de la Vendée et de la Loire-Inférieure. Il faudra
attendre 1853 pour qu’un directeur de l’armement de Nantes obtienne l’aval de
ses supérieurs pour rendre les armes aux ayants-droit. Toutes les pensions
furent supprimées.
Pierre Gréau
Le livre sur les
Armes de Récompense
TESTEZ VOS CONNAISSANCES !
Sur la VENDÉE
C’est un petit jeu très simple mais instructif que nous vous proposons
aujourd’hui, pour vous permettre de tester vos connaissances sur des communes
du département de la Vendée.et d’anciens personnages marquants liés à celles-ci
(sur 20 siècles de notre histoire).
Pour jouer vous n’avez besoin que de vous munir d’un papier et d’un
crayon.
L’exercice est très simple : nous vous présentons 20 cartes
postales anciennes (numérotées de 1
à 20) et il vous suffit d’essayer de
reconnaître:
1. Quelle commune (exacte) est
représentée sur le cliché ? (classées de A à T) et
2. A
quel personnage le monument (ou plus largement la commune) fait référence
(classés de a à t)
Attention : les personnages ne sont pas tous des célébrités, il y
a aussi des individus légendaires ou mythiques. De plus les clichés représentent
un lieu précis qui est un peu reconnaissable mais évidemment ce n’est pas
l’aspect le plus connu (car ce serait trop facile). De plus la légende de la
photo a été évidemment cachée. Les cartes postales datent presque toutes des
années 1905 environ, sauf celles qui évoquent un personnage postérieur. Toutefois,
pour vous aider elles sont été mises dans un ordre approximativement
chronologique.
Nous vous fournissons ci-dessous un exemple (bien entendu hors-jeu)
Naturellement c’était très facile (c’est pour cela que cet exemple ne
compte pas !) :
La commune était LA ROCHE-SUR-YON et le personnage NAPOLEON Ier.
LES 20 CARTES QUESTIONS :
LE TEST GRANDEUR NATURE :
Vous
venez de faire le test, nous allons vous aider à vous évaluer :
Si
vous avez reconnu 0 image sur 20 :
il est grand temps de visiter le département !
Si
vous avez reconnu 5 images sur 20 :
lisez le Blog de La chouette vous apprendrez beaucoup !
Si
vous avez reconnu 10 images sur 20 : vous pouvez encore mieux faire, un
effort !
Si
vous avez reconnu 15 images sur 20 : vous connaissez bien la Vendée !
Si
vous avez reconnu 20 images sur 20 : vous êtes un véritable érudit local !
LE QWIZZ :
Après ce premier test pur et dur, et pour vous permettre d’avancer,
nous allons maintenant simplifier le même exercice en vous fournissant la liste
des 20 communes placées en désordre par rapport au jeu, puisque classées par
ordre alphabétique (de A à T), ainsi que la liste des personnages établie de la
même manière (de a à t).
Le nouvel exercice beaucoup plus simple consiste seulement à rechercher
qui va avec quoi :
Liste des
communes :
|
A - BEAUVOIR-SUR-MER
(statue)
|
K - MONTAIGU (école)
|
|
B - CHAMBRETAUD (le
bourg)
|
L - MOUCHAMPS
(Colombier)
|
|
C - FONTENAY-LE-COMTE
(maison)
|
M - MOUCHAMPS (Parc
Soubise, chêne)
|
|
D - LA GARNACHE
(Fonteclose)
|
N -
MOUILLERON-EN-PAREDS (maison)
|
|
E - LA GAUBRETIERE (Le
Sourdy)
|
O - REAUMUR (le logis)
|
|
F - LA ROCHE-SUR-YON
(auberge)
|
P -
ST-HILAIRE-DE-LOULAY (Bois Corbeau)
|
|
G - LA ROCHE-SUR-YON
(ancienne statue)
|
Q -
ST-HILAIRE-LE-VOUHIS (buste)
|
|
H - LES HERBIERS (Étenduère)
|
R -
ST-LAURENT-SUR-SEVRE (tombeau)
|
|
I - LES HERBIERS
(moulin)
|
S - TIFFAUGES (château)
|
|
J - LUCON (évêché)
|
T - VOUVANT (tour)
|
Listes des
Personnes :
|
a / Amiral des
Herbiers
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k / La mariée
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b / Amiral du
Chaffault
|
l / Maréchal
de Lattre
|
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c / Barbe-Bleue
|
m / Napoléon Ier
|
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d / Cardinal
de Richelieu
|
n / Paul
Baudry peintre
|
|
e / Fée
Mélusine
|
o / Physicien
Archereau
|
|
f / Général
Belliard
|
p / Physicien
Réaumur
|
|
g / Général
Charrette
|
q / St Louis M
de Montfort
|
|
h / Georges
Clemenceau
|
r / Saint
Philibert
|
|
i / Henri IV
|
s / Sapinaud
de la Rairie
|
|
j / Jean Yole
|
t / Villebois-Mareuil
|
LES RÉPONSES :
Voilà le jeu est terminé. Aussi nous vous fournissons maintenant les
réponses pour vous permettre de vérifier vos résultats :
| |
1 : A, r
|
2 : S, c
|
3 : T, e
|
4 : M, i
|
5 : J, d
|
| |
6 : H, a
|
7 : R, q
|
8 : O, p
|
9 : K, b
|
10 : D, g
|
| |
11 : E, s
|
12 : F, m
|
13 : C, f
|
14 : Q, o
|
15 : B, k
|
| |
16 : G, n
|
17 : P, t
|
18 : L, h
|
19 : I, j
|
20 : N, i
|
N’hésitez pas à faire des « révisions » nous pourrions être
tentés de vous proposer un autre exercice ultérieurement !
L’INCENDIE DE NOTRE-DAME DE PARIS
La façade sud de la Cathédrale avant
l’incendie.
Lundi 15 avril 2019
(premier jour de la Semaine Sainte) à 18 heures 50 les premières flammes
apparaissaient sur la toiture de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui était en
cours de restauration. Ce violent incendie ravageait ensuite en l’espace d’un
peu plus deux heures l’ensemble de la toiture principale couvrant la nef, le
chœur, les transepts et détruisait la flèche. Heureusement, les efforts
constants des Sapeurs-Pompiers de Paris permirent de sauver les deux tours et
le reste de l’édifice.
Photo prise au cours de
l’incendie (France Info).
Ce spectacle incroyable
et totalement affligeant, alors qu’il était retransmis aussitôt dans le monde
entier par les médias, provoquait une véritable sidération générale et une
consternation planétaire. Il est bien sûr trop tôt pour faire un bilan précis
de la situation et les informations complètes manquent encore.
Ce petit article n’a pour
objectif que de marquer notre solidarité en rappelant par quelques images
l’essentiel ce que pouvait être Notre-Dame de Paris. Le triste spectacle, qui
nous a été ainsi infligé, n’était pas en rappeler un autre, du même genre, aux
nantais et aux ligériens que nous sommes : l’incendie de la toiture de la
cathédrale de Nantes le 28 janvier 1972 dans les mêmes conditions.
La construction de cette
cathédrale à Paris, initiée par l’évêque Maurice de Sully en 1163, s’était
poursuivie jusqu’en 1235.
Dans ce lieu hautement
consacré battait le véritable cœur, non pas seulement de Paris, mais de toute
la France. Cet édifice avait été présent à tous les grands évènements de notre
Histoire Nationale. Ce Monument est reconnu comme appartenant au patrimoine
mondial. Sa restauration va donc évidemment de soi.
Ce qui a totalement
disparu :
1. La charpente principale. 2. Le détail de la flèche.
La charpente, fabriquée
avec des chênes du XIIIème siècle, était longue de 120 mètres, large de 13
et haute de 10 mètres
au dessus de la nef. C’est la présence de toutes les poutres en bois qui lui
avait fait donner le nom de « la forêt ». La carte postale ci-dessus
ne représente pas celle de Notre Dame de Paris mais celle identique de la
cathédrale de Reims elle aussi disparue dans l’incendie provoqué par les
bombardements des troupes allemandes pendant la première guerre mondiale.
La première flèche
du XIIIème siècle, située à la croisée des transepts, s’était
écroulée en 1792. L’architecte Viollet-le-Duc, chargé des restaurations,
l’avait remplacé de 1859 à 1860 par celle que nous avons connu. De forme
octogonale, elle était construite en bois recouvert de plaques de plomb et
culminait à 96 mètres
du sol. Elle s’est naturellement écroulée dans le brasier. Toutefois le coq en
cuivre, situé au sommet, a été miraculeusement retrouvé dans les
décombres. Il contenait un fragment de relique de Sainte Geneviève protectrice
de Paris. En outre les statues des douze apôtres qui entouraient la base de la
flèche ont eu la chance d’avoir été déposés pour les travaux.
Ce qui a été endommagé :
1. L’intérieur, la Nef. 2. Les grandes orgues.
Dans la nef, les voûtes
en croisée d’ogives s’élevaient à 33 mètres de haut. En tombant la flèche a fait
totalement s’écrouler la voûte de la croisée des transepts. Une autre travée de
la nef présente de la même manière un large trou.
Situées dans une tribune
de la nef au dessus du portail central principal, les grandes orgues n’ont pas
été atteintes par le feu ni noyées par l’eau. Mais par leur fragilité, elles ont
néanmoins été endommagées par la chaleur, la fumée et la poussière. Elles
seront probablement récupérables après un long et minutieux démontage et
nettoyage. C’est un instrument prestigieux, le plus connu au monde, de 113 jeux
et 7800 tuyaux. Certains de ceux-ci datant encore du XIVème siècle
ont été réutilisés dans le nouveau buffet datant de 1730. L’orgue avait ensuite
été entièrement repensé par le célèbre facteur Cavaillé-Coll en 1864 et
restauré en 1989.
Les stalles du Chœur.
Dans le chœur, les stalles en bois finement sculptées au début
du XVIIème siècle n’ont pas été atteintes par l’incendie mais
seulement salies par l’eau et la fumée. Il en est de même du groupe de statues
de marbre blanc dites du « vœu de Louis XIII », œuvres de Coysevox et
Coustou datant du début du XVIIIème, ainsi que la clôture externe du
chœur datant de 1351. Les grands tableaux religieux, datant du XVIIème
siècle dits les « Mays de Notre-Dame » (parce qu’ils étaient offerts
au mois de mai par la corporation des orfèvres de la capitale) sont seulement
salis.
Ce qui a été préservé :
1. La façade et les tours. 2. Le célèbre gros Bourdon.
La façade et les deux tours ont été construites vers 1220 et culminent à
68 mètres
de haut. La tour Nord contient les cloches mais le gros bourdon se trouve dans
celle du sud. La célèbre façade ainsi que les deux tours sont pratiquement
intactes grâce à l’action des pompiers. Les trois grandes rosaces ne semblent
pas avoir non plus souffert de l’incendie.
Le gros bourdon baptisé « Emmanuel, Louis,
Marie-Thérèse » a été installé en 1681 avec le roy Louis XIV pour parrain.
Avec un son grave très reconnaissable c’est lui qui sonne à l’occasion des
grands évènements. Il pèse 13 tonnes, plus ½ tonne de battant et 1 ½ tonne de
jong de soutient. Dans les tours, si les beffrois en bois portant les cloches
avaient brûlé, les cloches seraient tombées en écrasant tout sous leur poids.
Les tours se seraient alors probablement écroulées.
1. La statue de Notre-Dame de
Paris. 2. Le reliquaire de la Couronne d’Épines.
Cette magnifique Vierge à l’enfant datant du XIVème
siècle est baptisée « Notre-Dame de Paris », c’est dire qu’elle est le
symbole même de la cathédrale. Elle est installée le long d’un pilier à
l’entrée du chœur sur la droite. Elle ne semble pas avoir été endommagée mais
la flèche et la voûte sont littéralement tombées à ses pieds.
La célèbre relique de la Couronne d’Épines de Jésus-Christ lors
de la Passion avait été ramenée d’Orient par Saint Louis et installée dans la
Sainte Chapelle. Échappant par miracle aux pillages révolutionnaires, elle
avait ensuite été déposée à Notre-Dame de Paris. Son premier reliquaire dans un
tube de verre de forme circulaire prend place dans le grand reliquaire dessiné
par Viollet-le-Duc au XIXème siècle. Ce reliquaire n’était pas dans
la cathédrale proprement dite mais dans la salle du trésor de la sacristie avec
les autres pièces d’orfèvrerie. Elles ont été évacuées dès le début de
l’incendie à l’Hôtel de Ville de Paris puis transportées au Musée du Louvre.
Chantonnay le 16 avril 2019
Dartagnans
solidaire de la reconstruction de Notre-Dame :
FAIRE UN DON
* Contrairement à ce qui peut avoir été écrit
par ceux qui ne savent pas, la société DARTAGNANS connue pour la sauvegarde du
Patrimoine (avec laquelle nous sommes en lien et qui vient de nous le confirmer
personnellement), a décidé pour cette opération "Notre-Dame de Paris"
de reverser l'INTÉGRALITÉ des dons collectés pour la reconstruction de la
cathédrale.
Maurice BEDON
L’ÉGLISE SAINT PATERN A VANNES
Les journées annuelles du
Patrimoine sur le territoire national se déroulaient cette année le samedi 15
et dimanche 16 septembre 2018.
Parmi les nombreux choix
possibles, même sur le territoire de la Vendée, nous avons préféré cette
fois-ci de nous en éloigner un peu pour aller dans une région voisine, en
Bretagne et plus particulièrement à Vannes dans le département du Morbihan. En
effet, dans le cadre de ces mêmes journées, Daniel Rabourdin et Ghislaine
Gerbaud devaient organiser une projection du film « La Rébellion
Cachée » la veille au soir, le vendredi 14 septembre à 20h dans cette
ville et de plus précisément dans l’église Saint Patern (cf photo ci-dessous).
La Projection dans l’Église le 14-IX-2018.
L’église Saint
Patern-des-Champs est situé en centre ville de Vannes dans le quartier qui
porte le même nom. Elle est dédiée à Saint Patern, le premier évêque de Vannes,
à l’époque gallo-romaine (au Vème siècle). Un premier édifice
religieux, qui avait été construit à cette époque, a été ensuite saccagé et
détruit par les invasions des normands en Bretagne au cours du Xème
siècle.
Reconstruite au siècle
suivant, l’église devient alors est une des étapes importantes du fameux pèlerinage
dit des Sept Saints fondateurs et protecteurs de Bretagne ou bien Tro Breizh (Tour
de la Bretagne). C'est-à-dire : Saint Samson (à Dol), Saint Malo (dans cette
ville), Saint Brieuc (dans cette ville), Saint Tugdual (à Tréguier), Saint
Pol-Aurélien (à l’actuel St-Pol-de-Léon), Saint Corentin (à Quimper) et enfin Saint
Patern (à Vannes). Ces différentes villes constitueront ainsi avec Nantes et
Rennes les neufs diocèses bretons primitifs.
Les Journées du patrimoine à St Patern.
Au cours des siècles
suivants, les reliques de ces différents saints attirent des foules toujours
plus nombreuses lors des pèlerinages. Et ces derniers, générateurs de
bénéfices, créent des convoitises, parfois des querelles et même des pugilats dans
les villes concernées. Au XIVème siècle, à Vannes, le clergé de
Saint Patern et les chanoines du chapitre de la cathédrale se disputent le
droit de présenter les reliques, de recevoir les vénérations et donc de
recueillir les offrandes. Les paroissiens de Saint Patern pour défendre leurs
droits font le guet et s'enferment dans l'église pour empêcher l’entrée des
partisans des chanoines. Le clergé, de son côté, recommande aux pèlerins de
jeter leurs offrandes par les fenêtres de l'église. Il faudra pas moins qu’une
intervention du Saint siège à Rome pour arbitrer et apaiser cet épineux
conflit.
Schéma de la façade actuelle. L’église Saint Patern vers 1905.
L'église romane du XIème
siècle est par la suite victime des violentes tempêtes qui frappent la Bretagne
entre 1721 et 1726. Le 9 mai 1723 l’ancien clocher, situé alors au dessus de la
croisée des transepts, s’effondre brutalement écrasant le sanctuaire dans sa
chute. Aussi, dès le mois de Juillet 1723, le conseil de fabrique décide de
remplacer l’ancien édifice par une nouvelle église de style baroque. Et pour ce
faire, il charge un de leurs administrés l'architecte vannetais Olivier
Delourme d’en dresser les plans.
Les travaux, prévus en
plusieurs phases successives pour des raisons financières, ne débutent
effectivement que le 21 aout 1727. Et ainsi de 1727 à1728 on reconstruit les
maçonneries du chœur, de la croisée des transepts et de trois travées de la nef
dans un style relativement dépouillé à l’extérieur. Dans un deuxième temps, en
1736 et 1937, on s’occupe des aménagements intérieurs baroques et en
particulier des premiers retables situés dans la nef et les deux transepts.
Puis de 1769 à 1775, un nouvel architecte Ulliac décide de prolonger la nef de
deux travées supplémentaires et commence la construction d’un clocher sur la
nouvelle façade occidentale mais en s’inspirant du style initial.
La nef et le chœur de l’église.
Naturellement, du fait de
la Révolution Française et des Guerres de Vendée, les travaux sont interrompus
et ils ne se termineront finalement qu’en 1826. La façade, la tour de granit à
deux étages dataient des précédents travaux de 1769. En revanche, le
petit dôme ovoïde hexagonal tenant lieu de flèche et le lanternon supérieur n’ont
été terminés qu'en 1826
toujours en respectant le style initial. A cette dernière date, l’architecte
est en fait l’ingénieur-voyer départemental Louis-Philippe Brunet-Debaines,
aussi celui-ci aménage en même temps un parvis un peu monumental avec un perron
et un grand degré. L’ensemble extérieur est élégant mais d’un classicisme un peu
froid, seulement égayé par les pinacles des contreforts et les vases couverts à
l’étage et au lanternon. Le portail unique, surmonté d’un tympan, est encadré
de quatre pilastres supportant un fronton triangulaire éclairé d’un oculus.
Le retable de la Sainte Patenté, de style baroque, dans le transept Nord
(XVIIIème siècle).
L’essentiel de l’œuvre entreprise
était donc achevé au début du XIXème siècle. Au cours des années de
ce siècle et du suivant on va poursuivre des aménagements : installation
d’une chaire à prêcher (1813), rénovation de certains des six retables (1850), réaménagement
du chœur (1861), vitraux neufs dans le chœur et les transepts (1882) puis dans
la nef (1918). Des travaux de maintenance vont également être
nécessaires : mise hors d’eau des chapelles (1844), réfection des
couvertures (1882), restauration de la voûte à la suite de chute de plâtre
(1906) etc…
Le retable de l’enfant Jésus de Prague (XIXème).
L’église Saint Patern a
été inscrite sur la liste des monuments historiques, une première fois en 1946,
pour le clocher et le porche, puis inscrite en totalité en 2005. L’année
suivante, en 2006, est entrepris une restauration complète de l’édifice dans le
style baroque de son origine : toitures, charpentes, voûtes, dallage, avec
des installations modernes (électricité, sonorisation, et chauffage). Mais la
modification la plus spectaculaire a été le réaménagement du chœur avec l’installation d'un ensemble de
stalles de chœur en chêne massif sculpté (1695), provenant initialement
du couvent des Carmes de Ploërmel
et ayant transité par la chapelle des Ursulines
de Saint Pol-de-Léon. Les travaux de restauration
vont durer deux ans de janvier 2007 à mars 2008.
Le côté Sud de l’église pendant les travaux.
Depuis sa rénovation, la
cérémonie la plus imposante qu’ait connue l’église Saint Patern est
certainement la première messe de l’abbé Aubry célébrée le 24 juillet 2016 en
présence de Son Excellence Monseigneur Sentène évêque de Vannes (visible à
gauche sur le cliché ci-dessous).
Première messe de l'abbé Aubry.
Anne-Marie LE PROVOST
L’abbé Brillet curé de St Patern. Vue actuelle du clocher.
DES NOUVELLES DU CHÂTEAU
DE LA MOTHE-CHANDENIERS
Dans un article précédent paru sur le présent
Blog « La Chouette de Vendée » le 14 janvier 2018 (N° 05-11) nous
vous avions annoncé l’achat des ruines du château de la Mothe-Chandeniers aux
Trois-Moulins, près de Loudun, dans le département de la Vienne. Cet achat,
d’un genre tout à fait inhabituel, venait d’être fait par 25 000 internautes
originaires de 115 pays différents dans le cadre des opérations de
« Dartagnans », avec pour objectif de procéder à des restaurations
(somme récoltée 1 600 000 €). Nous avions en même temps retracé
brièvement l’histoire de ce château d’abord féodal, puis habité par la famille
de Rochechouart, reconstruit en 1861 et finalement ruiné par un incendie
accidentel en 1932. Cette malheureuse résidence était, par la suite, restée
totalement à l’abandon depuis 86 ans.
La façade orientale du château
avant l’incendie.
Actuellement un groupe de bénévoles, avec
« l’association des amis du château de la Mothe-Chandeniers » a déjà
commencé à essayer de défricher le site, en coupant la végétation qui avait
envahi les abords du château. Ils ont en effet pour premier objectif
d’organiser un circuit de visite autour des douves du château et de l’ouvrir au
public pour le mois de juin 2018.
La façade méridionale après
l’incendie, état actuel. ( glauqueland.com/mothechandeniers/ )
État actuel de la Galerie du rez-de-chaussée,
angle Nord-Ouest. (glauqueland.com/mothechandeniers/ )
Toutefois, une énigme, sans doute mineure mais
très intéressante, vient d'ores et déjà d’obtenir sa solution et nous pouvons
ainsi vous en faire passer l’information dès maintenant. Il s’agit de la
signification du monogramme.
L’escalier d’honneur. La cheminée du grand-salon.
En effet, comme vous pouvez le voir vous-même
sur les photos ci-dessus, le grand escalier d’honneur, construit en hors-œuvre,
de style Renaissance, qui est très sculpté, possède différents motifs
décoratifs. Sur des médaillons de chaque côté, de petits chérubins, chevauchant
des chiens dans une forêt, symbolisent évidemment les chasses, une des raisons
d’être du château de la Mothe-Chandeniers. Au pied du socle de la statue de
gauche, figure la date exacte de la fin de la reconstruction du château : 1861.
L’escalier et les 3 panneaux sculptés.
Les panneaux au milieu sont plus
intéressants. Au niveau du rez-de-chaussée, deux hippocampes entourent deux
pierres portant les armoiries de François de Rochechouart (ancien propriétaire
au XVIIème siècle). Ils sont inspirés du monument funéraire de
Marie-Loup de Bernave, femme du marquis François de Rochechouart (ces éléments
du monument avaient d'ailleurs été réutilisés comme pieds de table dans la
salle à manger !). On remarque surtout au niveau du palier du premier
étage une pierre sculptée et ajourée, portant un grand monogramme avec un A.
Pour sa part, le dernier étage est plus discrètement décoré d’un Sacré-Cœur à
l’intérieur d’une croix tréflée. La décoration de cet escalier ascendant
pourrait ainsi vouloir symboliser le passé, le présent et l’avenir (qui comme
chacun sait « n’appartient qu’à Dieu »). Le cœur enflammé était par ailleurs un clin d’œil aux armoiries d'une ascendance de la famille Ardoin.
Emplacement des monogrammes, sur un plan
simplifié du château.
Pour en revenir au monogramme (A), il se
retrouvait également au centre du manteau de la cheminée monumentale qui
figurait autrefois dans le grand salon au rez-de-chaussée du château (elle a
disparu depuis, cf photo au dessus). De plus, on l’aperçoit encore aujourd’hui,
mais en très mauvais état de conservation, peint sur les fresques des linteaux
de la cheminée dans le boudoir (cf. photo ci-dessous) et dans la chambre située
au dessus dans la tour d’entrée dite de l'horloge; ces deux pièces étant
situées à peu près au rez-de-chaussée. Le problème se posait donc d’en
connaître la signification précise.
Le monogramme peint sur la
cheminée de l’ancien boudoir. (glauqueland.com/mothechandeniers/ ).
La présence de ce monogramme n’était pas du
tout insolite à cet endroit. Le grand escalier extérieur en colimaçon,
construit en angle dans la cour intérieure de la Mothe-Chandeniers, est d’une
manière parfaitement visible très fortement inspiré de celui du château de
Blois dans l’aile François Ier ; mais avec des dimensions plus
modestes. Le monogramme ne fait que remplacer la salamandre, célèbre emblème du
roy François Ier, qui décore celui de Blois. Cet escalier n’est
d’ailleurs pas le seul élément de la Mothe-Chandeniers à être inspiré de Blois.
Il y a bien aussi la galerie sous la terrasse de la façade Est, ainsi que
l’ordonnancement des niveaux des façades de la cour. On peut donc
raisonnablement penser que le monogramme a, lui aussi, un lien de parenté avec
ceux de Blois.
Blois : l ’escalier de l’aile François Ier. Blois : Monogramme sur une
cheminée. »
Blois, célèbre château royal du Val de Loire,
avait subi bien des dégradations, en particulier à cause d’une longue
occupation militaire, quand l’architecte Félix Duban a été chargé de sa
restauration de 1845 à 1848. Ce dernier, tout en prenant des libertés certaines,
a fait un travail important qui a beaucoup inspiré ses collègues architectes du
XIXème siècle. Son œuvre a eu un grand retentissement à l’époque, en
France comme à l’étranger, mais a été par la ensuite beaucoup critiqué au
siècle suivant. Les monogrammes du roy Louis XII et de la reine Anne de
Bretagne (ce dernier visible sur la carte postale ci-dessus à droite) ont été,
en fait, réalisés par Duban au milieu du XIXème siècle. C’est dire
si l’architecte qui a travaillé jusqu’en 1861 à la Mothe-Chandeniers, château
pas trop éloigné, a eu des sujets d’inspirations.
Vue en détails du Monogramme.
En essayant de déchiffrer le monogramme de la
Mothe-Chandeniers, on se rend tout d’abord parfaitement compte, sans
hésitation, qu’il comporte principalement un « A » . Le reste du
dessin est beaucoup moins évident et il était tentant, dans ces conditions,
d’aller y chercher l’autre lettre que l’on aurait envie d’y trouver. Le château
ayant été occupé peu après la fin de la construction en 1861, par le baron
Edgard Lejeune et son épouse Marie Ardoin, nous aurions souhaité y trouver en
plus du « A » de Ardoin un « L » de Lejeune. C’était
possible, mais on pouvait tout aussi bien se convaincre d’y voir un
« V » ou un « H » ou encore un A renversé.
Le château avait été racheté après
une vente aux enchères sur licitation en 1846 par la fille de François
Hennecart, au décès de ce dernier. Par conséquent, c’était elle qui avait
entrepris de reconstruire le château.
Poster Vente sur licitation en
1846.
Elle s’appelait Alexandrine Hennecart Veuve
Jacques Ardoin. La deuxième lettre aurait donc pu être le « H » de
Hennecart. Mais son prénom personnel exact était Aimée Alexandrine. Et en y regardant de
plus près le monogramme portait beaucoup plus nettement deux « A » en
sens inverse. C’est le deuxième, à l’envers, qui pouvait être confondu avec un
V. Le monogramme n’était donc pas un signe d’alliance entre deux familles,
comme c’est souvent le cas. C’était le chiffre personnel d’Aimée Alexandrine Ardoin, réalisé en imitant celui d’Anne de Bretagne pour rester
cohérent avec l’époque néo-Renaissance dont le château s’inspirait.
Alexandrine Ardoin pensait peut
être aussi qu’après sa mort le monogramme garderait son utilité puisque son
fils Jules Ardoin
avait épousé Amélie Avrial,
mais la providence en a décidé autrement.
Plutôt qu’un monogramme,
Alexandrine Ardoin aurait pu légitimement faire figurer le blason de la
famille qui porte un lévrier. Elle l’a en réalité fait sculpter sur la rampe
intérieure de l’escalier d’honneur, au niveau du 2ème étage,
c'est-à-dire à un endroit où personne ne pouvait le voir car les invités
s’arrêtent au premier étage et les domestiques ne prennent pas le grand
escalier. Elle a sans doute pensé que quand on n’appartient pas à une famille
anciennement chevaleresque, exhiber ses armoiries faisait « nouveau riche ».
Le lévrier des Ardoin sur la rampe du
grand escalier (Photo Dartagnans).
En parodiant un des anciens slogans de la
SNCF on pourrait dire : « une découverte peut en cacher une
autre ». En effet, alors que pour faciliter les reconstitutions les
organismes concernés s’efforçaient de retrouver la trace des anciens meubles du
château sauvés de l’incendie, nous en avons personnellement trouvé un dans un
endroit totalement surprenant. Il s’agit d’un petit buffet bas d’un mètre de
large, 0,50 mètre de profondeur et un mètre de haut. Il était utilisé dans une
salle à manger comme crédence ou desserte. Sur la partie supérieure, un
couvercle en bois permet de découvrir une plaque de marbre blanc. Il est
réalisé en style Henri II et est abondamment sculpté.
Petit meuble de la
Mothe-Chandeniers.
Primitivement il comportait deux éléments
supplémentaires à poser dessus : - une partie intermédiaire avec une
étagère reposant sur deux petites colonnettes en façade et un fond sculpté en
arrière et - un fronton semi-circulaire échancré au centre pour servir de
support à un vase ou à une statue. Vous allez d’ailleurs trouver un essai de
reconstitution ci-dessous.
L’origine de ce meuble n’est pas discutable.
Tout d’abord par la qualité de ses sculptures, c’est incontestablement un
meuble à placer dans un château. Ensuite, seule la partie supérieure a subi un
dégât des eaux (lances des pompiers), bois décollé on décoloré. Enfin et
surtout la partie basse possède au centre du panneau un exemplaire du fameux
monogramme étudié ci-dessus.
Le Monogramme du château. Reconstitution du meuble.
Comme tous les gens qui se sont impliqués
dans cette espèce d’aventure nous attendons désormais avec impatience de voir
débuter les premiers travaux urgents qui permettront de sauver enfin ce malheureux
château, laissé totalement à l’abandon depuis beaucoup trop d’années.
Chantonnay le 01 Juin 2018.
LE CHATEAU DE CHALLAIN-LA-POTHERIE
« LE CHAMBORD DE L’ANJOU »
Pour son importance et son aspect majestueux
le château de Challain-la-Potherie en Maine-et-Loire, est en effet qualifié de
« Chambord de l’Anjou » mais il ne date que du milieu du XIXème
siècle. C’est sans doute l’édifice le plus représentatif de l’architecture
civile néo-gothique de cette époque, tout au moins dans la région des Pays de
la Loire. Il est situé à proximité du bourg du même nom dans un parc de 30 hectares environ, au
nord de la Loire, à 15
kilomètres de Segré et à 8 de Candé.
01. Le château,
façades Sud et Est.
Au milieu du XXème siècle l’architecture du siècle précédent
était unanimement décriée. On considérait alors que le XIXème
n’était que « le siècle des pastiches » avec une architecture sans
aucun intérêt. En réalité, le XIXème n'a seulement connu qu’une
rupture d’influence. En effet au moyen âge le style ogival, art français par
excellence, s’était développé et perfectionné. C’est à partir de la Renaissance
qu’on l’abandonna pour s’inspirer de l’Antiquité et qu’on le qualifia
péjorativement de « gothique », c'est-à-dire art des goths. Cette
tendance principale, enrichie d’influences secondaires (italienne, classique,
baroque, pompéienne, égyptienne, romaine etc.) va se poursuivre en France aux
XVIIème et XVIIIème jusqu’à la l’époque de la Restauration.
Ce sont les exils des aristocrates en Angleterre, la littérature, le romantisme
qui vont provoquer ce changement de goût. Si les techniques de construction
poursuivent malgré tout les acquisitions du classicisme du XVIIIème
et les font évoluer, la décoration, elle, a trouvé une nouvelle source d’inspiration.
On ne peut donc pas vraiment parler de pastiche.
Cet art néo-gothique, souvent qualifié de style troubadour, apparaît localement
dans le département de la Vendée en 1826 pour la construction de la chapelle
commémorative au Mont des Alouettes aux Herbiers ; mais il faudra attendre
1853 pour que l’église de Chavagnes-en-Paillers dans le même département soit
construite de cette façon. Et on ne connaît guère que le petit château de la
Cacaudière à Pouzauges, construit en 1844 pour la famille des Nouhes, pour
adopter cette nouvelle tendance. Les autres propriétaires font encore
construire des pavillons classiques à fronton triangulaire et passeront ensuite
directement au style néo-Renaissance.
Il en va tout autrement dans le département voisin du Maine-et Loire,
où la situation est différente. Les propriétés terriennes sont plus
importantes, l’aristocratie est plus riche, les châtelains fréquentent
d’avantage la capitale et les architectes locaux ont une influence plus large.
Aussi, le style néo-gothique apparaît en Anjou entre 1835 et 1840. Le premier
château de ce style est celui de la famille de Lostanges à Angre, mais le plus
célèbre est celui de Chanzeaux terminé en 1847 et appartenant au comte Théodore
de Quatre-Barbes. Ces deux édifices ont été construits par le même architecte
René Hodé. Le comte de Quatre-Barbes est célèbre, même en dehors des frontières
du département, pour le rôle important qu’il a joué dans la préservation de la
Mémoire des Guerres de Vendée.
Les châteaux du XIXème sont aujourd’hui les reflets d’une
époque où la propriété était avant tout terrienne, où l’économie et la société
étaient stables, où le cours de la
monnaie a été parfaitement durable de 1803 à 1914, où la main d’œuvre était
moins chère que les matériaux.
02. Le château (façade
Nord) et la tour Mon Plaisir.
Il existait, dans la paroisse de Challain, un château médiéval dès le
XIIème siècle. Il appartenait à la famille de Chateaubriand depuis 1284. A la mort de sa femme
Marie de Chateaubriand en 1522, Jean de Chambes comte de Montsoreau en hérita. Il
le vendit ensuite en 1574 à Antoine d’Epinay, qui le céda à son tour en 1599 à
Christophe Fouquet Président du Parlement de Bretagne. Le petit-fils de ce dernier
vit ses terres de Challain érigées en comté en 1657.
Enfin, en 1747 les héritiers Fouquet (parents du trop célèbre ministre
de Louis XIV) vendirent le domaine à Urbain Le Roy seigneur de la Bourgonnière.
Deux ans plus tard, en 1749, le titre de comté fut maintenu à Challain et son
seigneur devint ainsi comte de la Potherie. A l’époque de la Révolution
Française, son petit fils Louis Le Roy de la Potherie émigra dès 1789, et ne
revint en France qu’en 1801, au moment du Consulat. Il devint ensuite Maréchal
de France et Député à l’époque de la Restauration. Comme son fils Charles a été
tué en duel en 1825, sa fille Louise-Ida, née en 1808, se trouve être ainsi sa
seule héritière.
Louise-Ida Le Roy de la Potherie épouse l’année suivante, en 1826, le
comte Albert de La Rochefoucauld de Bayers, branche cadette d’une des plus
célèbres familles de la Noblesse Française.
03. Les armoiries des
La Rochefoucauld-Bayers.
Armoiries de la famille
La Rochefoucauld-Bayers :
« Burelé d’argent et d’azur de 6 pièces,
chargées de 3 chevrons de gueules, le premier à la pointe coupée ; et
sommé d’une couronne comtale ».
Armoiries de la
famille Le Roy de la Potherie :
« D’azur au chevron d’or, accompagné de
3 soleils de même 2 en chef et 1 en pointe »
Ce sont ces deux époux qui vont décider de faire construire une
nouvelle résidence à cet endroit. Sans doute influencés par leurs cousins de
Lostanges et de Quatre-Barbes, ils optent pour le style néo-gothique alors à la
mode. Après des recherches infructueuses ils s’adressent à l’architecte
parisien Louis Visconti qui vient de se faire connaître en construisant le
tombeau de Napoléon Ier à l’Hôtel des Invalides à Paris. Cet
architecte établit une première esquisse mais trop éloigné du chantier, il abandonne le projet au profit d’un
architecte local René Hodé dont nous avons déjà parlé.
Comme les fortunes respectives des deux époux leur fournissent les
moyens de leurs ambitions et qu’il existe une sorte de compétition amicale
entre les cousins pour avoir le plus beau château, l’architecte a la
possibilité de voir grand et il va en user. En réalité il utilise la forme d’un
petit château local : un couloir au centre avec l’escalier et deux pièces
de chaque côté, une tour ou un pavillon aux deux extrémités. Mais, il fait deux
fois plus long, plus profond, énormément plus haut et plus chargé en
décoration. Il ajoute un deuxième étage intermédiaire, pas très utile puisqu’il
a au dessus deux étages de combles pratiquement inutilisés. Pour augmenter
encore l’impression de hauteur il crée des fenêtres de combles surchargées de
pinacles démesurés, des toitures très élevées surmontées d’épis de faitage, des
poivrières sur les tours etc. Le bâtiment réalisé se décline alors avec des
chiffres tout à fait inhabituels dans les constructions locales : 60 mètres de long, 37 mètres de largeur, 45 mètres de haut, avec 204
ouvertures, 120 pièces se développant sur plus de 800 m2.
Commencées en 1847, les façades extérieures sont achevées en 1851. Le
château est totalement terminé en 1854. Il a coûté 280 000 Francs Or. Le
vieux château, situé juste devant, et qui avait été utilisé pendant la
construction est alors totalement détruit.
04. La façade Sud, à
l’arrière, du côté du parc.
Malheureusement le comte de La Rochefoucauld-Bayers n’aura pas le plaisir
d’habiter dans le nouveau château : il meurt dans le vieux bâtiment en janvier
1854. Comme sa fille est déjà morte en 1852, la comtesse va donc vivre seule, avec
son fils et ses domestiques dans cet immense château ; et encore
épisodiquement car elle séjourne aussi à Paris et à Angers. Le château de
Challain-la-Potherie avait été conçu pour les fêtes et les réceptions, il ne
verra pratiquement qu’une vie de deuil. La comtesse meurt en 1884 et laisse la
propriété à son fils Henri, qui décède à son tour neuf ans plus tard en 1893,
sans descendance.
Le château est alors vendu au général, marquis Albert Courtès,
appartenant à la Noblesse Pontificale. Celui-ci ne modifie fort heureusement pas
la décoration initiale. Il ajoute seulement ses armoiries sculptées sur la
façade, dans le hall et sur une cheminée.
05. La Fête de Jeanne
d’Arc devant le château.
Le marquis Courtès donne au château le faste pour lequel il avait été
fait mais qu’il n’avait pas encore connu. Il le place au centre de la vie
communale de Challain-la-Potherie pour les fêtes religieuses, municipales ou
sportives comme on vient de le voir sur la carte postale précédente pour les
fêtes de Jeanne d’Arc, célébrées à l’occasion de sa béatification en 1909 (Fig.
05).
Le propriétaire meurt en 1931 et le domaine passe à sa fille la
marquise Brunet de Simiane. Elle le conserve jusqu’à sa propre mort en 1944. Entre
temps elle a du faire face, à partir de 1940, à la présence des officiers
allemands qui avaient réquisitionné une grande partie du château.
En 1948 l’édifice est acheté par la ville de Choisy-le-Roi dans
l’actuel département du Val de Marne et va connaître une toute autre vie,
puisqu’il est transformé en colonie de vacances. Heureusement le décor
intérieur n’est pas détérioré. Le château est remis en vente en 1976 comme le
montre cette publicité parue à la page 89 de la revue trimestrielle des
« Vieilles Maisons Françaises », N° 71 de Janvier 1977 (Cf. fig. 06).
Il est alors estimé à 1 500 000 Francs, c'est-à-dire
150 000 000 anciens Francs qui équivaudraient en principe à 947 843
€ aujourd’hui.
06. Publicité dans la
revue en 1977.
La propriété est achetée en 1978 par un industriel, puis acquise de
nouveau en 1989 par une société proche de l’Église de l’Unification et de la
secte Moon. Durant cette période, l’administration des Monuments Historiques
commence à craindre pour son avenir. Une première procédure aboutit à un
classement partiel concernant les pièces principales en 1980 puis à un
classement complet des façades et de deux niveaux le 15 mars 2004. Entre temps,
le château a été de nouveau racheté en 2002 par la famille Nicholson originaire
des États-Unis. Ceux-ci ont entrepris de le remeubler et de le transformer en
chambres d’hôte haut de gamme et en lieu d’accueil pour les réceptions et les
mariages.
lien vers le château de Challain-la-Potherie
07. Plan du
rez-de-chaussée du château vers 1907.
Le plan ci-dessus nous présente le rez-de-chaussée tel qu’il était vers
1907 à l’époque du général marquis Albert Courtès (Fig. 07). Il n’a d’ailleurs
pas été modifié depuis la construction. Il va nous permettre de mieux nous
situer lors de la visite virtuelle de cet étage à la même époque que nous
allons vous proposer maintenant. Nous avons en effet la chance que les pièces
importantes du rez-de-chaussée aient toutes été photographiées et aient fait
l’objet d’éditions de cartes postales. Ces dernières présentent ainsi
l’intérieur du château dans les premières années du XXème siècle. Il
s’agit donc du mobilier du château à l’époque du général et pas forcément de
celui d’origine.
08. Le grand Hall d’Entrée.
La première carte ci-dessus (Fig. 08 et [8] sur le plan) nous montre le
grand hall, c'est-à-dire la première pièce que nous rencontrons en entrant dans
le château. Il est divisé par deux colonnes chargées de sculptures néo-gothiques
très fouillées qui évoquent même un peu une décoration mauresque. En réalité
ces sculptures sont en stuc et elles dissimulent les piliers en fonte qui
soutiennent le balcon intérieur dominant le hall. On remarque des drapeaux et
des petits canons qui proviennent évidemment du général Courtès. La porte du
fond donne dans le vestibule. Le départ du grand escalier apparaît à droite. Il
existe également une porte à gauche, non visible sur le cliché, que nous allons
emprunter puisqu’elle conduit à la salle de billard.
09. La salle de
Billard.
Cette pièce est la première des salles d’apparat réservées aux
réceptions (Fig. 09 et [9] sur le plan). Au centre, trône un billard. Bien que
ce meuble ne soit pas de conception ancienne, il est lui aussi décoré en style
néo-gothique. Les murs sont recouverts jusqu'à mi-hauteur de lambris en bois très
élevés. Comme les portes, ils sont ornés du motif sculpté dit à la serviette
froissée, élément incontournable de la mode au XVème siècle. La
porte de droite donne dans le petit salon et celle de gauche dans la salle à
manger dont on aperçoit le buffet. Nous allons maintenant entrer dans cette
dernière.
10. La Grande
Salle-à-manger.
La grande salle à manger fait l’angle entre la façade Nord et le côté
Est (Fig. 10 et [10] sur le plan). A cet endroit, non visible sur le cliché, se
situe la tour d’angle à laquelle on accède par une petite porte dissimulée dans
les boiseries. On y trouve l’office et un escalier de service. Les deux doubles
portes que l’on aperçoit de chaque côté du buffet donnent toutes les deux accès
au grand salon. Le magistral buffet de style néo-gothique portant les armoiries
des La Rochefoucauld-Bayers a été livré au milieu du XIXème siècle
par le menuisier Jean-Paul Mazaroz fournisseur de la cour impériale. Assorti à
la table, aux chaises et aux dessertes, il est toujours en place aujourd’hui.
Sur la tapisserie murale au dessus du lambris, on voit alterner les fleurs de
lys de France et les hermines de Bretagne.
11. La cheminée du
Grand Salon.
En faisant le tour des salles de réception nous arrivons maintenant au
grand salon (Fig. 11 et [11] sur le plan). Comme la salle à manger, il fait 10 mètres de longueur et est
éclairé par trois fenêtres sur la façade ainsi qu’une sur le côté. Pour sa part,
il fait l’angle entre la façade Sud et le côté Est et donne accès à la tour
d’angle contenant la bibliothèque. La cheminée en bois du grand salon, adossée
au milieu du mur de la salle à manger, est particulièrement monumentale.
Encadré de piliers à statues, son manteau porte une statue équestre en bois représentant
le comte François de La Rochefoucauld, parrain du Roy de France François Ier.
Il est à l’origine de la tradition de donner le prénom de François aux fils
aînés de cette illustre famille. Autour de la cheminée, les lambris sont cette
fois-ci décorés de lancettes de fenestrage naturellement néo-gothiques.
12. La Bibliothèque.
Du grand salon, nous sommes passés dans la bibliothèque, pièce de forme
ronde puisque logée dans la tour d’angle Sud-Est (Fig. 12 et [12] sur le plan).
Les portes des meubles sont elles aussi décorées de fenestrages néo-gothiques
et on retrouve les armoiries aux angles de la tablette de la cheminée (Cf. fig.
03). Cette dernière est également de style néo-gothique mais le trumeau porte une
grande glace, élément inconnu au Moyen-âge. Par la porte ouverte on aperçoit un
piano à queue dans le grand salon et plus au loin, par une deuxième porte, le
petit salon.
13. Le Petit Salon.
En retraversant le grand salon, nous entrons maintenant dans le petit salon
par la porte visible au centre du cliché (Fig. 13 et [13] sur le plan). Nous
retrouvons ici aussi les hauts lambris avec le motif dit « à la
serviette » et les culots sculptés autour des portes, œuvre du sculpteur
Jacques Granneau. Cette pièce s’éclaire par deux fenêtres sur la façade Sud.
Une porte à gauche, non visible, donne dans la salle de billard et une autre
derrière le photographe permet d’accéder au vestibule. Cette salle possède
également, en arrière, une cheminée en pierres blanches portant les armoiries
des marquis Courtès ainsi que les initiales des prénoms A et G. Cette cheminée
est d’ailleurs la seule du rez-de-chaussée à ne pas être recouverte de bois. Il
est donc probable qu’elle a été ajoutée ou modifiée postérieurement. Les
fauteuils de forme confortable n’appartiennent pas non plus au mobilier
d’origine.
14. Le Vestibule.
Dans l’axe du château, le vestibule occupe le pavillon central de la
façade Sud (Fig. 14 et [14] sur le plan). Il permet d’accéder au parc et dans
l’autre sens, il prolonge le hall. On aperçoit d’ailleurs ce dernier par la
porte à gauche et le petit salon par la porte à droite. On peut également voir
une tapisserie armoriée derrière la petite statue équestre figurant au centre
de la salle. Nous quittons maintenant les pièces consacrées aux réceptions, par
une porte, non visible, située à l’extrême gauche du cliché. En poursuivant
l’enfilade des pièces, nous allons arriver dans l’appartement dit du Roy.
15. Le Cabinet de travail.
Sur le cliché ci-dessus (Fig. 15 et [15] sur le plan), par la porte
ouverte, on aperçoit le vestibule et même le petit salon, les deux dernières
pièces que nous venons de visiter. La porte opposée, située juste derrière nous,
nous conduira ensuite à la chambre d’apparat dite « Chambre du Roy ».
En effet, la pièce où nous sommes actuellement était primitivement destinée à
servir d’antichambre à cet appartement royal. C’est le général marquis Albert
Courtès qui en a fait son cabinet de travail. On aperçoit d’ailleurs celui-ci, installé
à son bureau. Ce dernier meuble, de style Louis XV, apparaît pour le moins
insolite dans le décor médiéval de la pièce. On ne manquera pas de remarquer la
collection d’armes anciennes du propriétaire figurant sur le lambris au fond et
les portraits de famille.
16. La chambre du Roy.
Sous l’Ancien Régime, un propriétaire n’obtenait l’autorisation royale
de construire un château qu’à la condition d’y prévoir une chambre destinée aux
éventuels séjours du souverain. C’est sans doute pour respecter cette tradition
monarchique que cette famille royaliste légitimiste a tenu à faire figurer cet
appartement à l’étage noble du château. Toutefois aucun roy n’a séjourné à Challain-la-Potherie
depuis sa construction. On retrouve ici les lambris à la serviette et les
armoiries de la famille sur la cheminée et sur les meubles (Fig. 16 et [16] sur
le plan). Les passementeries de la tenture murale, de la cantonnière, des
rideaux du lit ainsi que le tissu des fauteuils sont décorées de fleurs de lys.
La cheminée en bois de cette pièce est sans doute la plus harmonieuse du
château. Avec la salle à manger, cette salle est celle qui a gardé le plus de
meubles d’origine. Parmi eux, on trouve une grande armoire à glace néo-gothique,
alors que ce meuble était absolument inconnu à cette époque.
Prisonnier de sa démesure, l’architecte a été en quelque sorte
contraint à faire du remplissage dans cette partie du château, en créant des
pièces moins importantes comme une petite salle à manger, une salle des gardes
(!) et une anti-chapelle (Cf. plan Fig. 07). Il a logé la chapelle proprement
dite dans la tour d’angle Nord-Ouest. Comme la bibliothèque, elle possède une
fausse voûte décorée.
17. Le palier de l’escalier au 1er étage.
Le grand escalier est en forme de large colimaçon, situé au centre du
bâtiment et bénéficiant d’un éclairage zénithal. Il part à droite du hall au
rez-de-chaussée et dessert les 1er et 2ème étages. Comme
le hall, il est constitué d’une armature en fonte dissimulée sous d’élégantes
sculptures néo-gothiques en stuc. Au premier étage, le palier est constitué
d’un balcon en forme de U dominant le hall du rez-de-chaussée, que l’on
aperçoit sur la photo ci-dessus (Fig. 17). A ce niveau, l’architecte a été un
peu encombré par l’extrême épaisseur qu’il avait donné à son bâtiment ; ce
qui l’a conduit à prévoir un large couloir divisé en deux par des piliers.
18. Une chambre du 1er étage.
Visiblement la décoration néo-gothique de d’édifice n’était destinée
qu’aux éléments apparents, c'est-à-dire aux façades du château et à l’intérieur
des pièces de réception et d’apparat. Au premier étage, c’est un décor plus
banal, celui des maisons bourgeoises de l’époque, que l’on rencontre. A
quelques exceptions près, les propriétaires successifs ont pu répartir dans ces
pièces les éléments de mobilier divers qu’ils possédaient auparavant (Fig. 18).
Après la construction du château, celui-ci a été complété par un
certain nombre de bâtiments voisins : la Tour Mon Plaisir (du nom de la
devise des La Rochefoucauld), La Porterie (en forme de forteresse), l’orangerie,
les communs, le pavillon de l’étang etc.
Chantonnay le 3
février 2018