LUCIEN AMIAUD, ÉDITEUR DE CARTES POSTALES
Lucien AMIAUD n’est pas le premier photographe vendéen (c’est peut-être Jules Robuchon), ni la première personne à avoir édité des cartes concernant le département (c’est Daniel Neurdein de Paris « ND Phot » en 1893). En revanche il est le premier photographe vendéen à avoir édité des cartes postales, et ce en 1897.
Les décorations figurant au verso des photos faites par Émile Amiaud le père et Lucien Amiaud le fils.
Il est issu d’une famille de La Roche-sur-Yon, son grand-père a exercé les professions d’aubergiste et de couvreur dans cette ville. Son propre père (Charles) Émile Amiaud (1848-1922,) après avoir fait son apprentissage de photographe chez Benjamin Troler rue de Bordeaux, s’était installé à son compte en 1866, âgé seulement de 18 ans. Son atelier se trouvait primitivement au N° 8 puis au N°10 de la rue Lafayette (en face du Manège pour les chevaux), rue parallèle à la rue des Sables (actuelle rue Georges Clemenceau) à peu de distance de l’Hôtel de Ville. L’année suivante, en 1857, il avait épousé Louise Merlaud.
Lucien Paul Émile AMIAUD est leur fils aîné et il naît le 9 décembre 1873 à La Roche-sur-Yon. Il aura par la suite deux frères et une sœur : Émile (1875-1921) peintre décorateur, Louise qui épouse Louis Dedieu (1876- ?) et René (1889-1968) photographe aux Sables-d’Olonne.
Acte de naissance de Lucien Amiaud (Archives Municipales).
Lucien Amiaud fait ses études primaires puis secondaires à l’Institution catholique dite de Mirville qui était située sur l’actuel Boulevard des Belges (elle a été remplacée ensuite par le collège Richelieu, qui a lui-même déménagé plus tard au Bourg-sous-la-Roche).
Il restera toujours très attaché à cet établissement où il reviendra en 1900 pour faire un premier reportage photo assez complet (façades, réfectoire, ateliers, recréation, musique etc…). Il y retournera l’année suivante pour de nouveaux clichés sur les spectacles scolaires et les élèves acteurs. Il en tirera deux séries de cartes postales : 341 à 350 d’une part et 380 à 397 d’autre part.
Le Réfectoire de l’Institution Mirville (N°345).
Vraisemblablement après le brevet, en 1888 à l’âge de 15 ans, Lucien Amiaud entre en apprentissage de photographe chez son père. Il s’y fait immédiatement remarquer par son aptitude et son intérêt pour le métier. Aussi son père lui confie rapidement des responsabilités. Comme ce dernier à deux succursales, l’une aux Sables-d’Olonne et l’autre à Luçon il y envoie régulièrement son fils. Ainsi, en 1891 à l’âge de 18 ans, il lui confie celle des Sables durant la saison d’été. Il s’en sort parfaitement bien sur le plan professionnel mais, ce que son père n’avait pas prévu, il fait la connaissance d’une jeune fille de 17 ans « gagée » comme domestique : Marie (Philomène) Vincent. Ils se sont souvent revus, si bien que la jeune fille attend bientôt un enfant. Il va aller naître dans la discrétion chez les propres parents de sa mère, à Mareuil-sur-Lay, le 8 mars 1892, sous le nom de Maximin Vincent. Il n’est pas sûr que la famille Amiaud ait été alors réellement mise au courant de l’évènement.
Pour Lucien, il est temps de penser aux affaires militaires. Lors du Conseil de Révision de 1893, il est jugé apte mais dispensé comme exerçant un métier artistique, celui de lithographe. Mais il est tout de même incorporé le 13 novembre 1894, année de sa majorité. Toutefois, son métier intéressant l’armée, il est incorporé au 93ème régiment d’infanterie à la caserne du château (actuelle cité Travot) à La Roche-sur-Yon (c'est-à-dire à moins d’un kilomètre de son domicile). Ce qui lui permettra d’avoir facilement des permissions et de retrouver sa petite amie. Il a terminé la période principale de son service militaire le 24 septembre 1895, mais il est appelé ensuite plusieurs fois pour des périodes d’exercices et notamment du 28 août au 19 septembre 1897. Et c’est durant ce temps que surgit un problème.
Sa petite amie se trouve de nouveau enceinte en 1897 ; mais cette fois-ci la famille Amiaud va prendre les choses en main. Marie Vincent vient accoucher à La Roche-sur-Yon le 8 septembre 1897 d’un fils dénommé Lucien Louis Robert Amiaud, car son père, âgé de 24 ans et désormais majeur, a pu le reconnaître. Toutefois la famille, qui excluait déjà le mariage quand ils étaient mineurs, le refuse toujours, selon l’expression de l’époque pour « inégalité de situation ». Lucien, dépendant encore financièrement de ses parents, doit s’incliner.
Il est finalement démobilisé peu après, en novembre 1897.
Dans la cour de la Caserne de La Roche. (Photogravure L. Amiaud N°84).
Il va conserver ensuite de nombreux liens avec la caserne et ses soldats. Ce qui explique qu’on retrouve régulièrement les différents aspects de la vie militaire dans ses clichés : aux numéros 04, 84, 229, 230, 298, 491, 499, 1628, 2351, 2373, 2374, 2400, 2406. Il immortalise ainsi : les parades dans la caserne à La Roche, l’arrivée des marches, le retour des exercices de tirs, le camp de manœuvres aux Sables etc…
Dès son retour à la vie civile, il recommence à travailler avec son père et dans les locaux de ce dernier, mais il s’est lancé à titre personnel et depuis le début de l’année dans l’édition de cartes postales. On peut dater ses premières réalisations et donc les premières cartes postales vendéennes de 1897. Il est probable qu’il en avait eu l’idée pendant son séjour à la caserne en voyant, dans le courrier, apparaître ces petits cartons venant d’autres départements.
Cette mode, qui consiste à mettre une illustration sur une petite partie du recto des cartes de correspondance, est venue d’Autriche et a commencé à se développer en France, timidement d’abord, après l’exposition universelle de 1889. A l’époque toute la partie verso était réservée à l’adresse. Le cliché n’occupait que le franc canton du recto, c'est-à-dire le quart en haut à gauche. Les trois quarts restants du même recto étaient utilisés par la correspondance. Ce type de cartes postales, parmi les plus anciennes, sont appelées « Cartes précurseurs en nuage » par les collectionneurs.
La Préfecture de La Roche-sur-Yon en 1897 (sans N°).
Sur ces premières cartes postales, le cliché est assez discret. Il porte le nom de l’éditeur sur le côté gauche écrit en tout petits caractères : « Photo-gravure, Lucien Amiaud, Roche-sur-Yon ». De 1897 à 1900 environ, il n’y a pas encore de numéro. C’est pour pouvoir classer et retrouver facilement les négatifs sur plaques de verre glissés dans des boites en bois aménagées, que les photographes se sont mis dans un deuxième temps à les numéroter.
L’exemplaire ci-dessus représentant la Préfecture de La Roche-sur-Yon en a été une des premières réalisations. Le cliché a été pris en 1897 et la carte a été postée en mars 1898 (par un collectionneur, déjà !).
L’ancienne église de Belleville-sur-Vie (sans N°, postée en 1900).
Un des principaux intérêts des œuvres de Lucien Amiaud, en début de carrière, est de nous apporter parfois les seules images d’édifices disparus. Par exemple :
- La chapelle des Ursulines à La Roche (N°6),- L’ancienne église de Belleville-sur-Vie (N°82),
- L’ancienne église de Sainte Flaive-des-Loups (N°153)
- Le château de Linières à Chauché (N°212, 323, 326, 329)
- L’ancienne église de Bazoges-en-Paillers (N°334) etc…
La carte postale reproduite ci-dessus figure également parmi les premières. Elle a été éditée en 1898 et expédiée par la poste en 1900. Elle ne porte naturellement pas de numéro, mais elle a ensuite été rééditée en 1900 et porte cette fois-ci l’inscription « Photogravure, L. Amiaud, Roche-sur-Yon, N° 82 ».
Le Remblai des Sables-d’Olonne en 1865 (N°183).
Pour éditer certaines cartes, il utilise parfois des plaques qui sont beaucoup plus anciennes. Ainsi, par exemple, l’image reproduite ci-dessus a été obtenue grâce à un négatif qui a du être pris par son père trente ans plus tôt. En tous cas, cette carte porte la nouvelle appellation avec le numéro (183). Elle est très intéressante car elle a été prise à l’emplacement du Remblai des Sables-d’Olonne qui n’existe pas encore vraiment.
L’inauguration de la statue de Luneau (N°155).
Dès le début de sa carrière Lucien Amiaud n’a pas voulu se contenter de photographier des édifices, des rues ou des personnalités, il s’est au contraire également affirmé comme le reporteur des évènements locaux.
Le 22 mai 1899 il va immortaliser l’inauguration de la statue élevée à la mémoire de Sébastien Désiré Luneau, ancien député de la Vendée et considéré par ses dons comme le bienfaiteur de l’enseignement primaire public. La statue, réalisée par Victor Falcondis professeur au lycée, est élevée dans la cour d’honneur de l’École Normale d’Instituteurs (au N° 156 de l’actuel boulevard Louis Blanc).
Son cliché (N°155) représente en fait la rencontre des personnalités, Préfet et Officiers militaires avant l’inauguration proprement dite. On remarquera que sur cette photo, comme sur la précédente, l’image occupe de plus en plus de place au détriment de la correspondance. Durant cette période autour des années 1900, Lucien Amiaud utilise pour ses tirages alternativement du papier légèrement beige, rosé ou vert comme sur l’exemple ci-dessus.
L’entrée du Port des Sables-d’Olonne (N°114).
De toutes les cartes postales qu’il a éditées, certaines ont eu plus de succès que d’autres. On peut le savoir facilement car à l’époque, la réalisation étant manuelle, il en tire seulement au fur et à mesure des besoins commerciaux. La carte qu’il a constamment réédité et donc qu’il a le plus vendu est la Numéro 114 reproduite ci-dessus. Avec le port et la tour d’Arundel, elle symbolise parfaitement les Sables-d’Olonne et les deux bateaux à voile font rêver. Ce sont peut être les raisons de son succès.
Erreur de tirage de La Place Napoléon à La Roche-sur-Yon (N°26).
Si les cartes postales produites par Lucien Amiaud sont en général de grande qualité, il lui arrive, à lui aussi, de faire des erreurs, à moins que ce ne soit son fils en apprentissage ! Sur le document reproduit ci-dessus et représentant la place Napoléon à La Roche-sur-Yon vue de l’Eglise Saint Louis, le kiosque à musique situé devant l’hôtel de ville devrait se trouver logiquement à gauche. Or, en fait, curieusement, il est ici à droite. Ce qui prouve que le photographe a commis l’erreur de mettre sa plaque à l’envers. Cette dernière a ainsi perdu beaucoup de netteté. La carte a quand même été mise en vente, mais peu d’exemplaires ont été achetés, ce qui fait qu’elle est difficile à trouver par les collectionneurs aujourd’hui.
Comme Lucien Amiaud vient souvent aux Sables-d’Olonne pour des raisons professionnelles, il photographie aussi des Sablaises en costume traditionnel. Il le fera même de plus en plus au fil des années. Alors qu’à cette époque les photos sont toutes réalisées en noir et blanc, il est le premier à les coloriser à l’aquarelle dès 1901 (méthode qui sera à la mode plus tard, mais seulement dans les années 1950).
Carte colorisée de deux Sablaises (N°102) et une Sablaise à sa toilette (N°370).
On se souvient qu’il avait reconnu son deuxième enfant en 1897, mais sous la pression de ses parents il n’avait pas épousé la mère. Six ans plus tard, il n’était plus aussi dépendant financièrement de ses parents et à chaque passage aux Sables-d’Olonne il revoyait Marie Vincent. Et une nouvelle fois elle allait se retrouver enceinte. Avoir un troisième enfant sans être marié, à l’époque, cela faisait vraiment beaucoup et dépassait largement les convenances. La Chaume était pourtant le bourg le plus tolérant de Vendée à ce sujet, sans doute à cause des longues absences des marins partis en mer.
Toujours est-il qu’ils décident donc de se marier tout de suite. La cérémonie a lieu le 15 juin 1903 aux Sables-d’Olonne, à la mairie annexe de La Chaume. Et le marié en profite pour reconnaître le premier enfant Maximin Vincent qui devient ainsi Maximin Amiaud. La famille Amiaud de La Roche-sur-Yon a marqué sa désapprobation en n’assistant pas à la cérémonie ; mais une réconciliation aura lieu plus tard.
Le 8 juillet 1903, Lucien quitte l’entreprise familiale de La Roche et s’installe à son compte aux Sables. L’enfant attendu naît le 17 octobre 1903 chez ses parents, installés alors chemin Saint-Antoine à La Chaume. Elle reçoit les prénoms de Louise Fernande Marie Henriette. D’ailleurs, le cliché de droite ci-dessus représenterait, parait-il, Madame Amiaud chez elle à La Chaume.
Photographie de Lucien Amiaud et La rue de l’Hôtel de Ville aux Sables.
Il a tout d’abord installé son atelier et son magasin à La Chaume, mais il comprend vite que pour faire des affaires plus fructueuses, c’est aux Sables-d’Olonne qu’il faut être présent. Il transporte donc ses locaux dans cette ville, en essayant de se rapprocher du centre. Il trouve finalement une adresse plus prestigieuse, 18 rue de l’Hôtel de ville, dans une rue commerçante en face de la Mairie. C’est cette rue que représente la carte ci-dessus à droite, réalisée par un collègue. Le magasin Amiaud y est visible au premier plan à gauche.
Il continue bien entendu son activité de cartes postales mais l’appellation « Photogravure Lucien Amiaud -- Roche-sur-Yon » qui était arrivée aux alentours du numéro 568, a fait place à l’inscription « Collection L. Amiaud, Sables-d’Olonne ». La production totale de cartes postales aux Sables ira jusqu’à dépasser le numéro 8000. Toutefois on retrouve moins désormais le souci de sortir un document pouvant servir l’Histoire et d’avantage des préoccupations commerciales.
Peu de temps après son installation aux Sables, en décembre 1903, une instruction du Ministre des Postes va bouleverser l’aspect des cartes. Désormais l’image occupera tout le recto et le verso sera divisé en deux parties : celle de gauche pour la correspondance et celle de droite pour l’adresse. Les cartes postales d’avant cette date sont dites anciennes et les suivantes (1903-1914) appartiennent à « l’âge d’Or ».
Une vieille maison de Montaigu (N°225) et Le grand café aux Sables (cliché vendu) à un collègue.
Durant sa carrière de photographe éditeur, il a été amené à croiser et à collaborer avec plusieurs de ses collègues du département. Il a rencontré Eugène Poupin de Mortagne-sur-Sèvre en 1901 à Montaigu. S’agissait-il d’un rendez-vous ou d’une rencontre fortuite lors d’un reportage ? En tous cas ils ont décidé de marquer cette journée, non pas d’une pierre blanche mais d’une photo évidemment. Sur celle-ci faite par Lucien Amiaud (ci-dessus à gauche) et censée représenter une maison, Eugène Poupin pose assis sur une borne à gauche au premier plan. Cette même photo figurera dans la collection Amiaud sous le N° 225 et dans celle de Poupin sous le N°232.
L’autre cliché, ci-dessus à droite, est amusant. Il a été vendu à un collègue mais en le regardant bien on aperçoit dans la glace Amiaud en train de faire le cliché.
Après son départ de La Roche pour Les Sables en 1903, Lucien Amiaud va vendre à ses collègues des plaques dont il ne désire plus assurer lui-même la commercialisation. Ainsi par exemples les cartes de :
- Montaigu vue de Mirville (Amiaud 222) va devenir (Poupin 207)- Chavagnes-en-Paillers, la grotte de Lourdes (Amiaud 211) va devenir (Poupin 2288)
- St Hilaire-de-Loulay, château de la Barilière (Amiaud 360) va devenir (Robin 1595)
- St Hilaire-de-Loulay, château de Bois-Corbeau (Amiaud 232) va devenir (Robin 1596)
- La Roche-sur-Yon, la caserne (Amiaud 84 cf ci-dessus) va devenir (Hamonnet 16)
- Les Sables-d’Olonne, le remblai (Amiaud 98) va devenir (Nouvelles Galeries 215)
- Tableau du général Cathelineau (Amiaud 247) va devenir (Ve Marsault 247 LA) etc ….
Le château du Bois-Lambert aux Moutiers-les-Mauxfaits (G.M.L.A.).
Nous venons de voir que Lucien Amiaud était le fournisseur attitré de clichés pour les éditions de cartes postales des Nouvelles Galeries des Sables-d’Olonne. Lors de son travail à La Roche il était associé à un autre éditeur pour une série intitulée « GMLA » (Gustave Moreau Lucien Amiaud). Après son départ aux Sables, Gustave Moreau s’associera alors avec Paul Dugleux célèbre photographe des personnalités vendéennes (rue Paul Baudry), formant ainsi « GMD Dugleux » puis la série « La Vendée Pittoresque ». Et ainsi le cliché Amiaud ci-dessus représentant le Bois-Lambert deviendra Dugleux 333.Jard-sur-Mer, le moulin et le calvaire de La Croix (N°4016).
Son fils Maximin étant en apprentissage avec lui, à la belle saison, ils partent ensemble faire des reportages photographiques au sud des Sables-d’Olonne. Ils y vont à bicyclette, à moins qu’ils utilisent la ligne de tram Les Sables - Talmond - Champ-Saint-Père pour effectuer une partie du trajet. Comme son fils est avec lui, c’est ce dernier qui prend le cliché et son père est ainsi visible sur la photo et parfois mis en scène. Nous avons de cette manière une sortie en 1907 à Talmond (N° 2161, 2162, 2163, 2164 et 2165), puis la même année à Avrillé (N°2857, 2858 et 2866) et enfin en 1910 à Jard-sur-Mer (N° 4016, 4046, 4047 et 4049). C’est sur le cliché 4016 qu’il est visible, en train de conduire sa bicyclette.
Le château de la Jousselinière à Chaillé-les-Ormeaux (N°2090).
Cédant une mode de cette époque, au cours de l’année 1905, il commence à ajouter des inscriptions manuscrites sur ses négatifs et même des motifs décoratifs. La carte postale reproduite ci-dessus et représentant le château de la Jousselinière dans la commune de Chaillé-les-Ormeaux (N°2090) est peut-être un des exemples les mieux réussis de cette pratique. Cette dernière doit quand même avoir connu un certain succès, car on retrouve encore aujourd’hui de nombreuses cartes de ce modèle. Au milieu de l’année 1906, il renonce définitivement à ce procédé.
L’incendie de la rue Fénelon à La Roche-sur-Yon en 1906 (N°2106).
Comme nous l’avons déjà dit, Lucien Amiaud a toujours tenu à être le photographe des évènements. Aussi quand il a appris qu’un grave incendie était en train de ravager un entrepôt d’épicerie à l’angle des rues Fénelon et de Saumur à La Roche-sur-Yon dans la nuit du 9 au 10 janvier 1906, il s’est dépêché de venir sur place. Cela nous a valu une série de cartes postales : N°2104, 2105, 2106, 2107 et 2108.
Manifestation lors des Inventaires à l’église d’Olonne en 1906 (N°2110).
De la même manière il a réalisé une carte postale représentant les manifestations des catholiques opposés aux Inventaires des Églises faits par les services de l’État. Ce cliché unique a été pris à Olonne-sur-Mer en 1906.
En revanche il n’a pas fait de cartes postales, mais toute une série de photos sur une autre affaire politique dont ont été victimes les catholiques de l’époque : l’expulsion des congrégations enseignantes, comme celle des rédemptoristes aux Sables-d’Olonne (église Saint Michel).
Un Magasin de Cycles à La Mothe-Achard (N°2290).
Intéressé par les techniques considérées comme d’avant-garde à l’époque, il est venu photographier en 1906 un magasin de la Mothe-Achard qui vendait et réparait des engins tout à fait improbables : une bicyclette avec un moteur, une espèce de tricycle motorisé, une automobile sans chevaux mais avec sièges en vis-à-vis. Il a ainsi produit deux cartes N° 2289 et 2290.
A partir de 1909 il décide de changer l’appellation de son entreprise sur ses cartes et inscrit désormais à la place « Nouvelle Collection Lucien Amiaud, Les Sables-d’Olonne ». Il gardera cette nouvelle dénomination jusqu’à la fin de sa carrière d’éditeur. Toutefois il n’interrompt pas sa numération qui se situait aux alentours de 3000, il la poursuit comme si de rien n’était.
C’est dans ce cadre qu’a été faite la vue des inondations de la Tranche-sur-Mer en décembre 1911 (4423) qui est reproduite ci-dessous. Pour cet évènement malheureux il a, en fait, créé toute une série de 10 cartes (N°4415 à 4424). Il avait déjà auparavant fait des reportages sur les inondations à La Roche-sur-Yon en février 1906, puis au Poiré-sur-Vie et à Saint-Mathurin en octobre 1909 (N° 2971 à 2976)
Les inondations à la Tranche-sur-Mer en 1911 (N°4423).
Comme des millions de français, le 3 août 1914, Lucien Amiaud doit interrompre ses activités professionnelles et partir à la guerre. Il est rattaché au 93ème régiment d’infanterie de La Roche-sur-Yon avec le grade de Sergent. Il restera sur le front français jusqu’au 24 octobre 1916, date à laquelle il est transféré sur le front d’Orient jusqu’au 4 juin 1918. Il revient alors sur le front combattant de Est jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918. Toutefois il ne rejoindra son foyer que le 9 janvier 1919.
Rentré aux Sables-d’Olonne, il reprendra son atelier et son magasin, photographiera en intérieur, continuera à vendre des cartes postales, mais ne repartira plus en reportage pour en produire de nouvelles. On ne lui connaît donc pas de cartes de couleur marron des années 1920-1930.
Ses enfants vont perpétrer les traditions familiales. L’aîné, Maximin Amiaud (1892-1958), sera photographe à Saint Gilles-Croix-de-Vie. Il fondra à cet endroit une véritable dynastie de photographes puisque son propre fils Lucien et son petit-fils Daniel prendront sa succession. Le cadet, Lucien Amiaud (1897-1942), en se mariant en secondes noces avec Berthe Auguin en 1922, s’installera comme photographe à Chantonnay rue de Bordeaux.
Photo de mariage faite par Lucien Amiaud (fils) à Chantonnay vers 1930.
Mais parallèlement, le dernier fils de Charles Émile, c'est-à-dire un cadet de Lucien, René Amiaud (1889-1968) est devenu également photographe. Il s’est installé aux Sables-d’Olonne sur le remblai au numéro 64 du quai Georges Clemenceau. Il aura beaucoup de succès en prêtant des costumes à ses clients pour les photographier en sablaise ou en marin.
Ce sont donc six générations de Amiaud qui, à partir de 1866 jusqu’à aujourd’hui, ont de cette manière immortalisé leurs concitoyens et La Vendée pendant plus de 150 ANS.
Chantonnay le 12 octobre 2020.