L’ACCIDENT DE CHEMIN DE FER DE CHANTONNAY (16 Novembre 1957)
Un autorail comme celui de Chantonnay.
La Gare de Chantonnay vers 1957.
Ce dernier, occupé à l’enregistrement de bagages, envoie à 12 h 48 le télégramme réglementaire à la gare suivante : « Chantonnay à Chavagnes, bien qu’attendant le train 30817, j’annonce le train 812 ». A 12 h 55 le chauffeur de l’autorail fait vrombir le moteur. Le chef de gare adjoint, oubliant un instant, de manière incompréhensible, que le train de marchandises n’est pas encore arrivé, donne le signal du départ avec son drapeau rouge. Le chef de train Paul Godet ainsi autorisé, actionne le timbre qui prévient le conducteur et celui-ci démarre. L’autorail est en train de partir quand Paul Brunet l’annonce à un de ses collègues, le brigadier Maillet ; celui-ci lui répond, tout étonné: « Et son train ?». Il se rend alors immédiatement compte de son erreur grave. Il se précipite dans la salle de commandes à proximité pour actionner le signal carré rouge et blanc (n°4) interdisant toute circulation ferroviaire. Celui-ci est situé au dessus des voies à la sortie de la gare (on l'aperçoit sur la photo ci-dessous). Ni l’enquête officielle ni la reconstitution ne parviendront à établir de façon indiscutable et définitive s’il était fermé ou ouvert lors du passage effectif de l’autorail, le chef de gare adjoint prétendant qu’il avait eu le temps de le fermer et le conducteur de l’autorail Daniel Lenain affirmant qu’il était encore ouvert. Une différence très importante puisqu’elle modifiait les responsabilités respectives de chacun (toutefois en condamnant aussi le conducteur, la justice a fait part de sa conviction qu'il devait être fermé). A la SNCF, habituellement le franchissement de signaux fermés provoque une explosion de pétards prévus à cet effet. Malheureusement à Chantonnay on les avait retirés car leurs explosions injustifiées et intempestives avaient incommodé les voisins. Un accident a toujours une cause principale et est facilité par une succession de petits faits. Ce jour là, à Chantonnay, cela se confirme une fois encore.
Les voies SNCF à la sortie de la gare de Chantonnay en
direction de Bressuire.
Le plan des lieux à Chantonnay.
Habituellement les passages à niveau SNCF disposent de fusées éclairantes destinées à prévenir les trains d’un danger sur la voie. Mais, à « la Mine », compte tenu de la proximité de la gare, cette précaution avait été jugée inefficace. Elle ne dispose que d’une torche lumineuse. N’oublions pas, en outre, qu’à cette époque il n’y avait pas de téléphone portable. En tous cas Madame Jarny va être le premier témoin de l’accident qui va se dérouler sous ses yeux. Elle ne va pas être la seule, Yolande Auneau qui tous les jours en sortant de l’école rentre chez elle à la Tabarière en vélo, attend derrière les barrières du passage à niveau fermé. Surprise, elle voit l’autorail, qui habituellement prend de la vitesse à cet endroit là, freiner à mort aujourd’hui.
L'endroit où le conducteur de l’autorail a vu arriver le train.
La sirène retentit à Chantonnay presque en même temps que l’accident car la gare avait déjà demandé les secours avant même le choc. Cette sirène, moyen moderne pour appeler les pompiers, était en fait héritée de la tradition du tocsin des cloches des églises qui appelaient la population au secours. Et en 1957 cet élan de solidarité ancestral était encore très fort dans l’inconscient collectif des gens. Aussi, en entendant la sirène, ils se précipitent au local des pompiers situé place Carnot (on ne dit pas encore le Centre de Secours) pour comprendre de quoi il s’agit et savoir en quoi ils peuvent aider. Mon père, qui habite une maison voisine, part en suivant le véhicule des Sapeurs-Pompiers. Ceux-ci n’ont d’ailleurs qu’un un fourgon mixte autopompe Laffly et pas encore d’ambulance. Ils partent aussitôt, bien que trois pompiers seulement soient arrivés : le lieutenant Pierre Froger (chef de corps), accompagné de Gaston Bachelier (qui habite la conciergerie du centre) et Yvon Kérésit. Ils seront rejoints sur place par une douzaine d’autres collègues.
L’Autorail accidenté de côté, au sud (journal de l'époque).
Intervention à l’intérieur de l’autorail (journal de l'époque).
L’accident vu par la vitre brisée du 2° wagon, que l’on est en
train de retirer (journal de l'époque).
Une autre vue du 1er wagon de l’autorail accidenté (journal de l'époque).
Photo d’hélicoptère montant le site : la maisonnette, le passage à niveau, la RN 137, l’autorail accidenté et le train (journal de l'époque).
La chapelle ardente au 1er étage de la Mairie (journal de l'époque).
Les chaussures des victimes dans le hall (journal de l'époque).
En 2017 Monsieur Jean-Pierre PERRAULT, ancien pompier habitant rue Paul Baudry à Chantonnay, a réalisé un DVD intitulé « Catastrophe ferroviaire de Chantonnay, 1957 ». On peut se le procurer (prix 10€) en appelant le n° 02 52 94 37 05.
Chantonnay le 09 mai 2018
Maurice BEDON