HOMMAGE A PIERRE GRÉAU
« Homme de bonne volonté », il était présent dans de multiples domaines et de nombreuses associations, où il se distinguait à chaque fois par ses compétences, son érudition, sa loyauté, son dévouement et son abnégation, que ce soit ceux de la Mémoire Vendéenne, l’histoire locale, les anciens combattants, les randonneurs, le Chant Grégorien, les pèlerins ou encore les associations locales. C’est dire si sa disparition ne laisse pas « un grand vide », comme on a coutume de le dire, mais des vides en plusieurs endroits différents. On peut ainsi lui rendre hommage pour toutes les facettes de sa personnalité.
Pierre est né le 17 mars 1948 à Nesmy dans une famille vendéenne profondément catholique. Sincèrement croyant lui-même, c’est assez naturellement qu’il a débuté ses études au Petit Séminaire et a commencé à les poursuivre au Grand Séminaire. Toutefois, il s’est peu à peu aperçu en conscience qui si les études correspondaient à ses aspirations, lui-même sentait qu’il n’avait pas pleinement la vocation pour devenir prêtre, qu’en un mot il ne se considérait pas comme « Appelé ». Aussi il a préféré, à ce moment là, s’orienter vers une autre manière de Servir !
Ces années d’études chrétiennes lui ont laissé une foi profonde et l’implication dans les œuvres caritatives. Ainsi, Il participait régulièrement aux pèlerinages comme brancardier au Sanctuaire de Lourdes. Il en a également conservé un amour du chant choral et de la Musique Grégorienne. Il participait de ce fait aux chorales et concerts départementaux. Et sa voix de « stentor » le faisait immédiatement repérer dans un groupe. Il chantait le Vexillia Regis (le chant des Vendéens) comme personne d’autre, au point qu’il nous est désormais difficile d’évoquer ce chant sans penser à lui.
Pierre lors d’une séance de chant.
Lors de son service militaire il éprouva de l’intérêt pour une carrière militaire. Par son engagement, il aurait souhaité être orienté vers l’infanterie, mais il le fut en réalité dans les transmissions. Il s’en dégagea assez rapidement en se faisant verser dans un corps plus aventureux, celui des parachutistes. De cette manière, relevant de Bayonne, il partit servir au Liban. Il s’illustra tout particulièrement dans la campagne du Tchad et devint commandant de compagnie à Laval. Il avait tout de même pris le temps d’épouser Mademoiselle Françoise Debordes dont il eut trois filles. Son épouse étant originaire d’Antigny, il s’installa de cette manière dans cette commune.
Atteint par la limite d’âge des capitaines en l’an 2000, à 52 ans, il entra alors dans la Réserve. Il la quittera en 2005 avec le grade de Chef de Bataillon de Réserve, c’est à dire Commandant. Il était titulaire de plusieurs décorations militaires et avait été fait en particulier Chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Déjà, durant sa vie militaire il avait montré son profond attachement à la cause de la Mémoire Vendéenne. Pendant sa période de Réserve, il avait utilisé la main d’œuvre de son bataillon pour aller dégager et nettoyer l’ancienne maison du célèbre chef Jean Chouan, qui était laissée à l’abandon.
En 2003 il décida de refaire à pied (seul et épisodiquement avec des amis) tout le parcours suivi par les Vendéens en 1793 lors de la Virée de Galerne : Cholet, Candé, Laval, Entrammes, Mayenne, Fougères, Dol, Avranches, Granville et au retour Dol, Antrain, Mayenne, La Flèche, Angers, La Flèche, Le Mans, Laval, Pouancé, Ancenis, et Savenay. Il suivait ainsi la trace d’un de ses glorieux ancêtres, combattant Vendéen, comme lui dénommé Pierre Gréau.
Pierre avec un groupe de randonneurs.
Ce pèlerinage exceptionnel et peu commun l’amena assez naturellement à s’intéresser encore plus à l’histoire de cette malheureuse aventure, qu’il connaissait déjà assez bien. Pierre était fondamentalement un chercheur et un compulseur d’archives, locales et même nationales. La recherche de LA pièce d’archives était pour lui le véritable objectif de tout travail d’historien local. Ainsi en 2005, il publia son premier ouvrage « La Virée de Galerne » (390 pages) à la Bibliothèque Universitaire des Guerres de l’Ouest. Ce premier livre sera suivi d’un autre en 2007 sur le même thème : « La bataille d’Entrammes », aux Éditions Siloé.
Pour éditer ses autres ouvrages, il s’adressera ensuite à sa grande amie Ghislaine Herbreteau-Gerbaud afin d’obtenir des livres plus agréablement illustrés. Il publiera chez cette éditrice successivement, en 2019 « Les Armes de Récompense » (un livre très remarqué) et la même année « Augustin Dehargues » (inaugurant ainsi une nouvelle série : les officiers méconnus des Guerres de Vendée), en 2020 « Le Prince de Talmond » et en 2021 « Les Prémices des Guerres de Vendée ». Il était en préparation d’un autre livre concernant l’histoire de la commune d’Antigny (et le canton de La Châtaigneraie sous la Révolution), qu’il souhaitait que nous finissions ensemble. Nous nous ferons évidemment un devoir d’essayer d’achever cet ouvrage et de l’éditer.
Il était aussi très fréquemment sollicité pour rédiger la préface d’autres ouvrages. Dans ce domaine, la dernière qu’il ait réalisée est celle du livre de Morgan Lazartigues « Louis de Frotté », dont la sortie est attendue d’ici peu.
Lors d’une présentation d’un livre à la Presse.
Très impliqué dans la vie associative locale, surtout celle liée à la Mémoire Vendéenne, il était depuis des années Vice-Président du Souvenir Vendéen et responsable cantonal pour les cantons de La Châtaigneraie et de Chantonnay. Dans le cadre de ces fonctions, il était notamment à l’initiative de la reconstruction en 2019 de la Croix du Camp, élément emblématique de la prise de Fontenay-le-Comte le 25 mai 1793. Il a rédigé dans la revue de très nombreux articles et une brochure consacrée au général de Royrand, relevant tous d’un haut niveau d’érudition. Il alimentait régulièrement la rubrique « chercheurs et curieux ». Un de ses amis proches a écrit dans ses hommages : «… il sera, je pense difficile à remplacer. Je devrais cependant ne pas être trop inquiet à ce sujet, ses détracteurs patentés et hypocrites auront certainement à cœur d’étaler leur prétendu talent… ». Ce dernier met ainsi le doigt sur ce qui était devenu une préoccupation récurrente pour Pierre et ses amis proches. Cela valait-il la peine de poursuivre cette vie associative là, qui l’avait autrefois passionné, mais qui, dans le contexte évoqué, le décevait désormais beaucoup, car elle lui semblait se déliter et compromettre son avenir ?
Inauguration de la Croix du Camp à Fontenay.
Il était également trésorier du Cercle des Légitimistes Vendéens et membre d’une autre importante association de la Mémoire « Vendée Militaire », présidée par son fondateur Dominique Lambert de la Douasnerie. Il prenait d’ailleurs une place de plus en plus importante à la rédaction de « Savoir », la revue de cette association.
Le samedi 25 janvier 2020, au Mont des Alouettes des Herbiers, il s’était vu décerner un diplôme d’honneur par l’Ordre Lafayette, en récompense de ses actions en faveur de la Mémoire Vendéenne et de son livre
«
les Armes de Récompense
»
.
Remise de Diplôme par l’ordre Lafayette en 2020.
C’est dire à quel point tous ses amis fidèles ont été surpris et consternés par sa brutale disparition. Le samedi 2 octobre 2021, il a été incinéré dans l’intimité au funérarium de Niort.
Requiem aeternam dona eis, Domine
In memoria aeterna erit justus
Maurice BEDON